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SophieCSB
Champion

Il y a 11 jours | 45 vues

Les armes de la lumière, de Ken Follett

1792. A Kingsbridge et ses environs, la vie est immuable depuis des siècles. Les riches exploitent les pauvres. Les lois sont en faveur des nantis et ils les appliquent d’autant plus à la lettre que la Révolution Française est dans tous les esprits. Afin qu’aucun germe contestataire ne grandisse dans le cœur des ouvriers et des paysans, le roi et ses premiers ministres successifs créent des lois si cruelles qu’elles en sont ridicules. De plus, l’arrivée des premières machines mécaniques à tisser et le spectre d’une guerre européenne contre la France ajoutent un peu plus de désarroi dans le monde ouvrier.

C’est dans ce contexte que l’on fait connaissance avec divers personnages.

Sal et son fils Kit sont obligés de migrer vers Kingsbridge suite au décès accidentel du chef de famille. Ils trouveront du travail auprès de Amos Barrowfield, drapier ayant hérité trop vite de l’entreprise familiale.  Leur solidarité et leur bon sens les fera coopérer pour avoir une meilleure vie.

Elsie, fille de l’évèque, voit bien qu’on pourrait faire plus pour aider les plus pauvres de la population de Kingsbridge. Son idée d’école du dimanche va finir par s’imposer et l’aide d’Amos lui sera d’un grand réconfort, tout comme celui de sa mère, Arabella, douce femme mal mariée qui rêve de passion.

Spade est un drapier parmi tant d’autres à Kingsbridge. Il est populaire et s’intéresse beaucoup aux idées nouvelles dans l’organisation de la production et dans la société en générale. Il est le parfait opposé de Hornbeam, échevin local, juge à temps partiel, qui ne jure que par les punitions qu’il peut infliger à ses ouvriers. Sa richesse lui permet de distribuer des pot-de-vins et sa puissance le faire craindre de tous. Leur haine réciproque sera sans fin.

Tout ce petit monde va se croiser, s’associer, s’aimer, s'aider, se haïr ou se combattre pendant plus de 30 ans. Chacun n’aura que pour seul but sa propre survie dans un monde où l’industrie naissante et la guerre vont bouleverser toute la société anglaise et les alliances européennes.

 

En situant son roman au début de la révolution industrielle, Ken Follett met en avant le sort des ouvriers qui voient leur mode de travail changer du tout au tout. Si la tradition voulait que le filage se fasse à domicile, rassembler ce travail en un même lieu sur des machines n’ira pas sans dommages collatéraux. Ceux qui s’en sortiront le mieux seront ceux qui s’adapteront en acceptant de changer eux-mêmes. Et c’est finalement ce qui est passionnant à lire dans ce roman : comment des contraintes extérieures vous poussent à changer votre mode de vie et comment vous le faites pour survivire. Voilà un sujet qui est toujours d’actualité…

Et puis, il y a la situation européenne, très mouvementée. La Révolution Française a choqué le reste de l’Europe, restée royaliste. Une possible contamination vers d’autres royaumes est inenvisageable et la coalition européenne contre la France est en place. C’est donc près de 30 ans de guerre qui commence. L’arrivée de Bonaparte n’y changera rien, bien au contraire, et tous ces conflits auront bien des impacts sur nos personnages principaux à Kingsbridge.

 

Je ne vous apprends rien en vous disant que Ken Follett est un conteur extraordinaire. Quelques soit l’époque, il nous entraine dans un tourbillon d’événements, qu’ils soient tragiques ou amusants, simples ou structurants, locaux ou mondiaux. L’ensemble constitue une véritable fresque historique, où la vie des ouvriers est aussi intéressante à lire que la description de la bataille de Waterloo. Avec ce récit enlevé et détaillé, l’auteur nous captive pour que nous tournions sans cesse les pages, jusqu’à la fin.

Je suis ravie d'avoir fini par lire ce roman que j'avais réservé depuis deux mois dans ma médiathèque ! Cela prouve bien le succès et la popularité de Ken Follett, amplement justifiés avec ce roman "Les armes de la lumière".