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Il y a 4 mois | 99 vues

KAREN BLIXEN en AFRIQUE- LA LIONNE (Tom Buk-Swienty)

C’est un pavé (912 pages) de récits, de lettres qui fourmillent de photos, un beau livre témoignage. Il faut bien ça pour raconter la vie de Karen Blixen, ex-baronne Karen von Blixen-Finecke, du nom de son ex-époux le baron suédois Bror von Blixen-Finecke, née Karen Christentze Dinesen au Danemark. On la connaît généralement grâce au film de de Sydney Pollack « Out of Africa », un film que j’ai adoré, mais qui reste une version édulcorée de la vie de Karen. Ce qui se révèle dans cette biographie richement documentée met bien l’accent sur l’attachement viscéral que Tanne (Alias Karen) éprouvait pour l’Afrique, son amour pour Denys Finch Hatton, mais pas que !

C’est la saga d’une grande famille danoise, le récit précis de leurs difficultés pour entreprendre en Afrique. On suit pas à pas , les investissements, les tractations familiales, pour maintenir à flots la Karen Coffee Co . L’entreprise subit les aléas climatiques, l’incidence de la première guerre mondiale, les dérives chaotiques du couple Bror/Karen, les pressions du clan Dinesen sur la mauvaise gestion de la ferme. J’ai trouvé ça passionnant !

On découvre aussi la personnalité complexe et exaltée de Tanne pour qui son éducation dans une famille luthérienne, son enfance en vase clos pèseront dans sa vie de femme. Que cela soit dans ses amours, ses choix d’entrepreneuse, pour sa santé, Karen déploie une énergie farouche pour rester libre, se sentir en accord avec elle-même . Les grands espaces de l’Afrique, son réel attachement pour ses autochtones lui ont permis de trouver un équilibre. C’est ce qui se révèle au cours des extraits des nombreuses correspondances cités dans ce livre. Les photos donnent l’opportunité de rentrer dans l’intimité de sa vie, on côtoie chaque membre de la famille, c’est touchant.

C’est tout un pan d’Histoire que nous livre ce livre/document sur les investisseurs Européens . Les Anglais, les Allemands et ces riches Danois qui ont dépensé des sommes phénoménales pour s’implanter en Afrique que cela soit pour le café, l’élevage ou le lin. Autant j’ai apprécié le comportement plutôt bienveillant de Karen Blixen envers les kikuyus, son ouverture d’esprit pour l’époque, autant sa passion pour les safaris m’a déplu. On se rend compte avec effroi qu’un nombre très important d’espèces était abattu, il y a un siècle de cela.  

En 1931, Karen Blixen quitte le continent africain, elle est désespérée, elle écrit :

 « J'ai été l'un des "favourite children" de l'Afrique. Un vaste univers de poésie s'est ouvert à moi et m'a laissée pénétrer en lui ici, et je lui ai donné mon cœur. J'ai plongé mon regard dans celui des lions et j'ai dormi sous la Croix du Sud, j'ai vu les grandes plaines être la proie des flammes, et alors qu'y poussait une herbe verte et tendre après la pluie, j'ai été l'amie de Somalis, de Kikuyus et de Massaï, et j'ai survolé les Ngong Hills : « j'ai cueilli la plus belle rose de la vie » — je crois que ma maison a été une sorte de refuge pour les passants et pour les malades, et qu'elle a été pour tous les Noirs le centre d'un friendly spirit. »

Je crois en la sincérité de cette femme. Son destin plein d’aventures authentiques m’a fait voyager dans une époque récente , sur un continent que j’ai eu la chance de visiter plusieurs fois et que j’aime beaucoup . KAREN BLIXEN en AFRIQUE- LA LIONNE n’est pas un roman, c’est un récit de vie et d’amour qui nous embarque, un livre culte pour moi. Je le recommande aux esprits curieux .

* Sa vie a aussi  inspiré la bande dessinée La lionne Un portrait de Karen Blixen d'Anne-Caroline Pandolfo (scénariste) et Terkel Risbjerg (dessinateur).


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