Retour
visuel principal de la chronique
SophieCSB
Champion

Il y a 4 mois | 89 vues

Convoi pour Samarcande, de Gouzel Iakhina

Kazan. En cette année 1923, la famine fait rage et les nouveaux hauts dirigeants soviétiques ont pour objectif de déplacer des milliers d'enfants pour les sauver d'une mort certaine. C'est ainsi que des trains sont affectés au déplacement d'enfants des rues vers des terres et des climats soi-disant plus propices à une vie décente. Mais les moyens manquent cruellement, et ce sont des voyages bien incertains qui démarrent.

Dans ce roman, l'auteure s'est basée sur des témoignages de fonctionnaires de l'époque ayant eu à traiter ce genre de convoi. Finalement, cela rend le récit encore plus glaçant. Car il ne faut pas s'y tromper, sous couvert de sauver les enfants, on cherche surtout à les éliminer des grandes villes où ils sont une véritable gangrène : voleurs à la tire, mendiants, bandes organisées commettant tous les crimes et se laissant aller à tous les vices.

Ainsi Deiev, un jeune vétéran de la guerre civile, se voit attribuer un convoi devant partir le plus vite possible. Le départ du train, après bien des déboires pour réunir les wagons et les transformer pour accueillir les enfants, se fait sur un air de colonie de vacances avant que l'on comprenne très vite que rien n'a été organisé comme il faut. Prévu pour durer 15 jours, le voyage s'étalera finalement sur six semaines, avec tout ce qu'on peut imaginer de manque de nourriture, de maladies, d'hygiène déplorable.

Dans ce capharnaüm, Deiev fera tout ce qu'il peut pour sauver ces enfants. Trouver de la nourriture sera une véritable gageure qui le mettra dans des situations tellement incroyables qu'elles prêteraient à rire si elles n'étaient pas si dramatiques. Et tout va dans le même sens : trouver du charbon pour la locomotive, trouver des médicaments, des habits, de l'eau... La fin, véritable apothéose, nous permettra de respirer.

D'autres personnages feront la balance avec ce Deiev aussi obstiné que torturé : Blanche, du Ministère de l'enfance, qui apportera tout son bon sens dans cette aventure ; Boug, le vieil infirmier au grand cœur ; Fatima, la nurse ne vivant que pour les enfants ; Memelia, le cuistot un peu simplet mais débrouillard. 

Cette œuvre foisonnante, parfois un peu fastidieuse à lire, reste un incroyable roman historique, instructif, qui nous serre le cœur et les tripes. Un véritable coup de poing !


Alertes