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SophieCSB
Champion

Il y a 4 mois | 82 vues

Les gouvernantes, de Alex Hay

Londres 1905. Miss de Vries vient de perdre son père. Loin de la chagriner, elle va enfin être libre de faire ce qu’elle veut. Pour assouvir son ambition d’entrer dans le monde aristocratique, elle décide d’organiser un bal costumé. Toute la haute société devra y faire une apparition, et pas seulement les amis industriels de son père.

En parallèle, Mrs King, gouvernante de l’extraordinaire maison de Vries à Mayfair, vient d’être renvoyée. Si elle accepte sa nouvelle situation, elle va surtout en profiter pour construire une vengeance hors norme : vider intégralement la demeure dans laquelle elle a travaillé si longtemps et qu’elle connait par cœur, et ce pendant ce fameux bal costumé. Pour cela, elle va s’entourer d’un groupe de femmes, chacune avec des compétences particulières, toutes motivées par des raisons particulières.

Et c’est ainsi que nous sommes embarqués dans la préparation minutieuse de ce braquage époustouflant aussi bien dans son ampleur que dans son audace par une très intelligente Mrs King . Dans le même temps, Miss de Vries prépare son bal et son avenir, entre invitations et projet de mariage, commandes en tout genre et décorations pharaoniques.

Qui va atteindre son but ?

 

Premier roman de Alex Hay, j’ai beaucoup apprécié l’ambiance générale de cette histoire (le 1905 de Londres m’a d’ailleurs fait penser au New York de fin 19ème siècle du roman de Renée Rosen : « L’âge d’or »). D’un côté, nous avons la haute société des parvenus enrichis par les millions de l’industrie, étalant un luxe clinquant et vulgaire qui dégoûtent une aristocratie riche de titres nobiliaires mais pauvre d’argent sonnant et trébuchant. Alors les alliances vont devoir se faire, mais à quel prix ? C’est bien ce que Miss de Vries va tenter de négocier pendant ce bal, et son culot n’aura d’égal que sa fierté.

A l’autre bout de l’échelle sociale, nous avons toutes ces femmes qui doivent travailler pour survivre, parfois dans des boulots plus que précaires, à la limite de la légalité. Leur solidarité sera leur force, et leur passé sera le terreau de leur motivation pour dévaliser cette résidence outrancière. C’est bien le petit peuple qui veut se venger de la haute société qui l’ignore mais dont il est le maillon indispensable à son existence. Le roman aborde aussi l’exploitation des femmes et des filles de maison, et pas seulement pour les tâches ménagères. La vengeance de l’équipe de Mrs King est donc multiple.

 

Alex Hay a eu ce très bon goût de construire son roman dans la progression du temps. Le départ se situe un mois avant le bal. Nous suivons donc un compte-à-rebours plein de suspense, sur tous les aspects de l’histoire, jusqu’à la date finale et le bal en question. Il distille savamment les raisons de l’implication de chacune des femmes dans le cambriolage. C’est assez captivant de découvrir peu à peu les ramifications qui relient tous ces personnages, chacun plus charismatique que l’autre. Une fin magistrale et un vrai bonheur de lecture !

 


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