La langue des choses cachées de Cécile Coulon

Mais est-il à la hauteur de sa tâche alors qu’à seulement vingt ans, il est encore « gentil comme un enfant qui se croit un homme » ? Pourtant ce fils sait bien que son rôle est d’écouter cette langue qui ne se dit pas afin de simplement « rétablir l’ordre du monde ». Pas plus.

Lorsqu’il se rend au hameau du Fond du Puits, il comprend que sa mère est déjà venue ici et qu’il n’est pas le bienvenu. Il voit ce que personne ne voit, entend les cris des douleurs, perçoit le chagrin et la maladie, c’est beaucoup pour un si jeune homme. Et même le prêtre qui officie ici depuis plus de cinquante ans sent bien qu’assailli par ces mots tus, le fils va avoir du mal à suivre les traces de sa mère sans tomber.

Un incroyable roman qui, en quelques pages, nous transporte dans un monde obscur, situé dans l’ombre du notre, où il existe des personnages qui savent écouter cette langue silencieuse venue du passé pour révéler le mal qui l’a habité.

Cette mère et son fils ne sont pas de simples guérisseurs, ils sont à eux deux l’humanité toute entière, faisant et défaisant le cycle de la vie, de ces êtres régis par leurs propres lois qui savent éteindre « les grands feux furieux allumés dans le cœur pourri des hommes et le cœur brisé des femmes. »

Si, au cœur de ce hameau des basses collines, le dénouement de l’histoire ne m’a pas emportée, j’ai trouvé ensuite l’épilogue fabuleux et il me faudra certainement le relire plusieurs fois pour en saisir toute la puissance.

Mais je vous laisse découvrir cette « langue des choses cachées » et vous faire happer par ce conte que Cécile Coulon a empli de poésie malgré la noirceur, malgré la violence et qui restera pour moi un choc littéraire comme on en rencontre peu.