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kaLou
Etoile montante

Il y a 13 jours | 44 vues

Le lambeau Philippe Lançon (France, 2018)

Philippe Lançon est un critique aguerri, il sait mener cette introspection avec tact et dévouement. Il sort vivant de l’attentat contre Charlie Hebdo, il va nous conduire au cœur même de ce fracas : il n’est pas tout à fait mort et va devoir survivre.

Ils ont eu beau vivre l’impensable, l’ignoble, tous les Philippe Lançon nous parlent, ils se réunissent en nous, bardés d’évocations très intimes, de détails uniques mais réussissent universellement à nous happer : le temps, la vie, la mort, l’attachement viscéral à la culture et à la littérature comme oxygène absolu, le chagrin de la perte, l’intégrité physique, …

Son immersion dans le monde médical, son approche familiale du drame personnel, ses modes de survie, ses amours, ses bouées de sauvetage nous emportent avec une douceur tranchante, un calme précis et franc, une distance presque romanesque qu’il déploie quand il affronte son long combat de reconstruction faciale (le bas de son visage a été pulvérisé dans son tiers inférieur), sa patience au fil des nièmes opérations, sa mue progressive et inéluctable pour un autre Philippe Lançon qu’il faut endosser, quoi qu’il advienne. 

Ce Philippe-là est seul, profond et émouvant. 

Nous sommes tous Philippe Lançon, décidément humains et vivants.