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Expert

Il y a 13 jours | 42 vues

Une sale française de Romain Slocombe

Mais s’être croisées sans le savoir maintes fois pendant la seconde guerre mondiale, à Stuttgart, Mulhouse ou Marseille, ne pouvait qu’entraîner de dangereux amalgames.

Romain Slocombe retrace le parcours de ces deux Aline, l’une Beaucaire, femme de chambre alsacienne engagée comme travailleuse volontaire en Allemagne en 1940 puis compagne d’un collaborateur des services de renseignement de la Gestapo, l’autre Bockert, espionne suisse et milicienne nazie, réputée pour avoir été une tortionnaire impitoyable.

Pour raconter comment les destins de ces deux femmes ont pu se mêler, il utilise deux types de narration, la confession manuscrite de l’Alsacienne faite à la justice française en 1947 et les documents d’archives de la police, de l’armée et des tribunaux militaires d’après-guerre qui ciblent principalement la Suissesse.

En lisant la confession d’Aline Beaucaire, le personnage principal de ce roman-enquête, on se pose rapidement la question de sa réelle naïveté et l’on se demande si elle ne masque pas un militantisme fasciste non avoué.

Car si les rapports officiels sont capables de générer de simples erreurs de noms aux conséquences dramatiques, une confession, de part son caractère subjectif, peut déformer n’importe quel témoignage.

Il faut entrer dans cette double narration pour saisir le fil tenu qui n’était pas loin de faire accuser l’une pour l’autre. Et c’est de cet imbroglio que l’auteur laisse ses lecteurs se sortir, avec sa façon tout à fait originale de croiser ces événements de notre histoire.

Ce roman nous montre la fragilité de toute enquête et la difficulté de faire la part des choses, entre parti-pris et manipulation, pour rendre une justice équitable. Après m’être habituée à son style un peu déstabilisant, je l’ai trouvé intéressant et révélateur.