La dernière place, de Négar Djavadi

"La dernière place" n'est pas un roman, mais un témoignage assorti d'une analyse de la situation géopolitique de l'Iran. Négar Djavadi nous décrit le crash de l'avion dans lequel voyageait sa cousine Niloufar et les quelques jours qui ont suivi : comment elle a appris la nouvelle du crash, ses pensées, son ressenti physique, la communication avec la famille, les autorités, les décisions, le deuil, la colère. Toutes ces émotions et ces actes sont le prétexte pour nous décrire l'Iran post deuxième guerre mondiale, comment elle en est arrivée à cet état de tension permanente, prisonnière des Gardiens de la Révolution, gangrénée par la corruption et la peur. 

Même si elle n'a pas vécu cette tragédie de l'intérieur du pays, l'auteure a recueilli les témoignages des membres de sa famille et a rassemblé toutes les infos diffusées par les voies officielles et non-officielles sur ce drame. C'est passionnant à lire, très instructif sur l'histoire de l'Iran. On est presque dans l'enquête, en tout cas dans l'exposition de faits qui n'aboutiront qu'à une seule interprétation possible : l'Etat a menti pour la survie du système. 176 morts pour la raison d'Etat !!!

J'ai beaucoup aimé le récit de Négar Djavadi pour son aspect culturel, émotionnel. Elle nous parle famille, traditions, exil, résistance, communication à tout prix, souvenir. Et quand elle parle des décisions internationales à fort impact sur la vie des Iraniens, elle démontre la débrouillardise de ceux-ci, résignés, en mode survie en permanence. Des noms de généraux ou d'imam m'ont ramenée à des souvenirs de journaux TV de mon enfance... En refermant ce livre, j'ai sincèrement pensé que j'avais de la chance d'être Française, en France...

Pour moi, "La dernière place" est un excellent ouvrage documentaire, instructif et passionnant, qui fait réfléchir et mieux comprendre la situation actuelle de l'Iran et l'état du monde oriental actuel.