Retour
visuel principal de la chronique
SophieCSB
Champion

Il y a 4 mois | 94 vues

Stella et l'Amérique, de Joseph Incardona

Stella, 19 ans, fait le plus vieux métier du monde dans son camping-car. Elle est belle inconsciemment, sa sincérité lumineuse en harponne plus d’un. La cerise sur le gâteau, ce sont les miracles. En couchant avec elle, des malades ou des paralysés recouvrent la santé ou leurs jambes. Quand le bruit se répand, les ennuis commencent pour Stella.

Père James Brown (si, si, je vous assure), qui a reçu un des miraculés en confession, prévient son hiérarchique le Cardinal Carter. Celui-ci voit cette sainte d’un très mauvais œil, tout comme le pape à Rome : une sainte, d’accord, mais pas de miracle en couchant !! Que deviendrait le dogme ??? Donc, il faut éliminer la sainte et en faire… une martyre.

C’est là que les frères Bronski entrent en jeu. Mercenaires depuis des années, ils sont fiables, pas regardant pour deux sous, et extrêmement complémentaires. Ils devront tuer Stella.

Bien évidemment, la presse s’en mêle. C’est Luis Molina, journaliste hondurien au Savannah News, qui découvre l’affaire et voit là une possibilité d’ascension professionnelle… Le Pulitzer ? Pourquoi pas !

Commence alors une course poursuite entre Stella que le Père Brown décide de protéger, fort de son passé de militaire, les frères Bronski, qui sème le carnage sur leur passage, et Molina, qui se rend compte que l’ampleur du phénomène « Stella » dépasse tout le monde. La course sera d’autant plus longue que l’Amérique est très grande…

 

Je suis les parutions de Joseph Incardona depuis quelques années, et je suis toujours surprise par sa capacité à aborder des sujets différents. Ici, il s’attaque aux croyances sur un ton totalement décalé, voire déjanté. Si les miracles reviennent toujours dans l’histoire de l’humanité, ils sont pourtant la chasse gardée de Rome. En créant cette Sainte Stella, l’auteur attaque ferme le côté marketing de la religion chrétienne qui refuse de voir son pouvoir ébranlé par une blondinette en short en jean et débardeur. On s’amuse à lire leur agacement et on sympathise franchement avec la jeune femme, en tout bien, tout honneur !

Faire se dérouler cette histoire dans les Etats-Unis actuels, où Dieu est invoqué dès que ça arrange, est une très bonne idée. La population se passionne pour cette jeune fille, elle y voit un spectacle comme seul ce pays sait en produire. Sous couvert de religion, c’est bien le voyeurisme qui prédomine, et les scènes à Las Vegas en témoignent. C’est grinçant à souhait.

Cette cavalcade dans les Etats-Unis est réjouissante au possible, parfois émouvante quand Stella souhaite retrouver le calme de sa vie sans miracle, parfois jubilatoire quand les frères Bronski entrent en scène. Du coup, nous avons une histoire très vivante, pleine de rebondissements et de scènes mémorables (bienvenue au bar de Frankie Malone !)

C’est incroyable de voir comme l’auteur sait nous captiver en un peu plus de 200 pages : nous avons là un vrai scénario hollywoodien, une brochette de personnages tous plus charismatiques les uns que les autres, et je mettrai bien Tarantino à la réalisation ! Bravo M. Incardona et vivement votre prochain opus !


Alertes