La Mare (Erik Kriek, Anspach)

La rencontre avec un coup de cœur relève parfois d'un heureux hasard. Ce dimanche-là, c'est une tranche toilée ornée d'un glyphe qui a attirée mon attention. Puis une couverture qui rappelle Burns. Le tout par un auteur et une maison d'édition néerlandais. Vendu !

Le pitch ? Sara et Huub ont perdu leur fils Ruben dans un tragique accident. Ils décident de partir s'installer dans une vieille maison familiale en lisière de forêt, loin de la ville, afin de surmonter le deuil, aller de l'avant et sauver leur couple mis à mal par l'épreuve. Mais la forêt, loin d'être un refuge apaisant, recèle une menace latente émanant d'une mare d'un noir profond apparue lors d'une tempête et d'arbres recouverts d'inscriptions énigmatiques.

Sur une idée de départ assez classique, Erik Kriek instaure d'emblée une ambiance lourde et poisseuse, par l'emploi de couleurs sombres et de jeux d'ombres qui durcissent les traits des personnages aux regards hallucinés. La découverte par Sara de vieux carnets griffonnés par un oncle plonge ensuite le récit dans un univers fantastique. On assiste alors à la lente dégradation psychique de la jeune femme, rongée par la culpabilité et en proie à des hallucinations de plus en plus fréquentes. La tension croît progressivement jusqu'à faire basculer l'histoire dans l'épouvante. Un scénario habilement mené porté par un dessin superbe qui rappelle de vieux comics vintage. Une belle découverte.