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Jujudu78
Explorateur

Il y a 3 mois | 95 vues

Le Choeur des Femmes (Aude Mermilliod, Le Lombard)

Il trônait sur un présentoir de la médiathèque de mon quartier depuis un moment. Mais bon, avec sa ligne claire dont je ne suis définitivement pas fan, et ma crainte de tomber sur un énième roman au féminisme trop appuyé, je ne m'étais pas attardé dessus. Et puis je me suis souvenu que mes préjugés m'ont parfois joué des tours, alors j'ai sorti ma carte et suis ressorti avec le livre sous le bras. Deux courtes nuits plus tard, c'est une évidence : je vais devoir me faire soigner de mes préjugés !

Jean Atwood, interne en médecine, doit effectuer un stage dans une unité de médecine dédiée aux femmes. Pour cette major de promo promise à un bel avenir de virtuose de la chirurgie gynécologique, c'est presque une obligation à laquelle on doit sacrifier pour valider son parcours.  La rencontre avec le docteur Franz Karma, responsable de l'unité à la pratique humaniste, va changer sa façon d'envisager l'exercice de la médecine. Avec subtilité, son nouveau mentor va la faire sortir du moule imposé par les mandarins de la fac de médecine, lui faire abandonner son rôle de sachant au profit d'une médecine à l'écoute des patientes, de leurs histoires et de leurs ressentis. Sans jugement, avec empathie et beaucoup de bienveillance.

Ce livre, c'est un mille-feuilles d'histoires. Celles de ces femmes rencontrées au fil des consultations, cette adolescente à la vie compliquée qui a peur d'être enceinte, cette quasi quinquagénaire qui vit une seconde jeunesse dans les bras d'un homme de vingt ans son cadet et qui se demande, elle, si elle peut encore avoir des enfants. Celle de Jean, dont on suit l'évolution, de scientifique hautaine  pétrie de certitudes à médecin sensible, avec ses failles et son secret intime. Jean Atwood, c'est John Carter dans Urgences, petit génie du bistouri qui avoue un jour qu'il ne sera jamais un grand chirurgien mais qu'il peut devenir un grand médecin. 

C'est enfin l'histoire de médecins humanistes, respectueux de leurs patientes avec lesquelles un rapport de confiance s'instaure et qui pratiquent leur métier loin de la conception paternaliste, autoritaire et parfois violente qu'on leur a enseignée durant leurs études. Un combat illustré par l'examen gynécologique à l'anglaise, tout aussi efficace mais moins humiliant que l'examen traditionnellement imposé aux femmes. Un combat dont on comprend la difficulté tant il se heurte à des réticences relevant de l'irrationnel qui poussent parfois certains médecins à baisser les bras et à commettre l'irréparable.

Ce livre m'a profondément touché, qu'importe si la dernière pirouette scénaristique est assez peu crédible. Si vous ne l'avez pas encore lu, je vous le recommande chaudement.