les Évaporés, d'Isao Moutte (Sarbacane)

Kaze Watanabe, employé modèle, disparaît du jour au lendemain sans laisser la moindre explication, et rejoint la cohorte des quelque 80 000 japonais qui font de même chaque année. Personne ne recherche ces "évaporés", ni la police, puisqu'il s'agit d'adultes, ni les familles. 

Qu'est-ce qui a poussé Kaze à quitter son emploi à cinq ans de la retraite et à couper les ponts avec sa famille ? C'est ce que cherche à savoir sa fille Yukiko, revenue de Paris à la demande de sa mère. Pendant ce temps, Kaze s'emploie à refaire sa vie dans le quartier tokyoïte de San'ya, le quartier des disparus. Refaire sa vie, ou se trouver une couverture pour d'autres activités...

Dans cette adaptation du roman de Thomas Reverdy, Isao Moutte nous entraîne dans un Japon méconnu, celui des milieux populaires gangrénés par la pègre et des laissés-pour-compte de l'après Fukushima. Un pays qui confie à des liquidateurs sous-payés et mal protégés le soin de vider les maisons des sinistrés du tsunami et laisse à des sociétés mafieuses la tâche de reconstruire en engrangeant des profits substantiels.

Le dessin d'Isao Moutte, tout en noir et blanc, est superbe et regorge de mille détails. On a l'impression de lire un manga, mais c'est bien d'un album au format classique qu'on tient entre les mains. Encore un choix très judicieux de la part de Sarbacane dont les choix éditoriaux ne déçoivent jamais.

Si vous en avez l'occasion, je vous recommande vivement de rencontrer Isao Moutte sur un salon ou dans une librairie. Ses dédicaces, réalisées à la plume, sont impressionnantes. Je ne résiste d'ailleurs pas à l'envie de vous partager les photos de la dédicace qu'il a eu la gentillesse de me faire en décembre dernier. Et je précise que la page était vierge à l'origine.