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SophieCSB
Champion

Il y a 3 mois | 105 vues

La république des faibles, de Gwenaël Bulteau

Nous voilà plongés dans le Lyon de la fin du 19ème siècle, et ce premier janvier fera débuter l'année par la découverte macabre d'un enfant sans tête. Le commissaire Soubielle, avec son équipe, mènera son enquête dans les quartiers populaires de la ville, là où les hommes essaient de faire vivre leur famille en revendant des bouts de chiffons et où l'alcool fait autant de ravages que les violences familiales. On a les pieds dans la boue des bords de Saône et l'esprit aux idées socialistes.

Mais le contexte, ce sont aussi les ligues antisémites qui ont pignon sur rue, et notamment dans la police où certains ne cachent pas leur position, cherchant à attirer les indécis et à peser dans les prochaines élections. Cette ambiance nauséabonde est exacerbée par l'affaire Dreyfus et le "J'accuse" de Zola met presque le feu aux poudres. Il est parfois difficile de faire preuve d'impartialité et notre commissaire devra slalomer entre les partis et garder tout son sang froid pour démêler cette affaire de meurtre. A force de remonter le fil de ses déductions, il découvrira toute l'horreur que des adultes peuvent faire subir à des enfants.

Et puis il y a le sort des femmes qui en cette période trouble ont surtout pour devoir de s'occuper des enfants et du plaisir des hommes. Alors il y a celles qui assument pleinement cette fonction avec certitude, celles qui le vivent comme une croix à porter et celle qui veulent s'en sortir par elles-mêmes, quitte à vivre hors des sentiers battus.

Tout cela nous donne un polar historique aussi dramatique que poétique, plein de dureté et de lumière, entre échec social et espoir de changement. Les personnages sont bien campés, tous au caractère différent, représentants de leur époque dans le bien comme dans le mal. Cette lecture m'a vraiment enchantée, et j'en suis presque à regretter qu'il n'y ait pas eu de second tome, pour le seul plaisir de les retrouver, tous et toutes.