Grain de sable, de Louise Roullier

Le tournoi des Sept Oriflammes est l'événement de l’année à ne pas rater. Les mages les plus puissants concourent à coups d’exploits plus incroyables les uns que les autres. Lidia est sûre que son père va gagner. Pourtant, ce n’est pas le cas. Pire, il est mort, disparu à jamais. Commence alors une longue descente aux enfers pour elle et sa famille qui n’arrive plus à vivre dans la cité de Puyberil.

Les années passent, sans amélioration dans la vie de Lidia qui remâche sans cesse les différents épisodes de ce tournoi fatal. Jusqu’au jour où elle entend parler d’une légende qui permet de retourner dans le passé pour corriger les événements. Ce fragile et unique espoir la pousse à consulter toutes les bibliothèques du royaume, les trouvailles qu’elle fera la mèneront loin au Nord, afin d’acquérir ce fameux pouvoir. Les rencontres qu’elle fera et les actes qu’elle commettra la feront glisser sur une pente bien dangereuse et irrévocable : est-elle bien sûre de ce qu’elle veut changer dans le passé ? Et si les corrections du passé rendaient le futur incontrôlable ?

Dans le royaume des Sept Oriflammes, les mages sont les célébrités locales. Le tournoi annuel permet de connaitre les nouvelles influences politiques, et les mentors voient défiler les apprentis postulants. Alors quand le plus célèbre d’entre eux meurt, ce sont ses opposants qui en profitent pour se placer auprès des princes et des gouverneurs. Tout cela est donc très politique, très bien décrit et expliqué au fur et à mesure des premiers chapitres.

Dans sa déchéance, la famille de Lidia va beaucoup perdre, mais la jeune fille y gagnera la liberté. La recherche de ce possible pouvoir de voyager dans le passé pour le modifier est le déclencheur de bien des aventures, qu’elles soient parmi des spectres ou des milices armées. La carte du début de roman nous permet de suivre tout le cheminement de Lidia pour acquérir ce pouvoir. Alors, on voyage beaucoup, on court, on se cache avec Lidia, l’ensemble est très vivant.

Dans une deuxième partie du roman, Lidia teste son pouvoir, et là d’autres ennuis commencent. Si le premier changement semble satisfaisant (elle annule la mort de son père), son retour au présent lui montre un monde très différent de celui qu’elle avait quitté. Evidemment, si elle a pu changer la fin de son père, les destins de beaucoup de gens en ont été changés aussi. Ainsi, et à différentes occasions, elle s’apercevra qu’un changement devra en entraîner un autre, ce qui devient vite ingérable. Et quand Lidia comprendra qu’un autre humain possède ce même pouvoir mais avec des objectifs différents, la guerre est déclarée. L’action devient plus subtile, avec des batailles de sort et de magie.

Si Lidia se veut une jeune femme forte, elle est avant tout proche de sa famille et de son monde ultra protégé. Loin des remous politiques et de la vie réelle des peuples, elle cherche d’abord son propre bonheur et celui des siens. Son ouverture au monde la rendra plus sceptique, voire contestataire, ce qui lui donnera plus de force encore. A vouloir changer le monde, elle finira par surtout changer, elle.

Ayant rencontré l’auteure lors d’un salon de l’Imaginaire près de chez moi, j’ai été captivée par cette histoire de voyage dans le temps qu’elle m’avait très bien vendue ! Aucun regret de lecture, peut-être seulement celui de la narration, exclusivement faite par Lidia. Mais pas de doute, je lirai volontiers le prochain roman de Louise Roullier !