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Nathavh
Expert

Il y a 3 mois | 67 vues

Vivance - David lopez

Lu dans le cadre du Prix Horizon qui récompense une deuxième roman.

J'avoue que le début du roman est déstabilisant, j'ai cherché à comprendre où l'auteur voulait nous mener, une écriture particulière sans paragraphe.  Des phrases courtes, certaines sans verbe.  Le narrateur anonyme décrit les choses de la vie, ses perceptions comme s'il se parlait à lui-même en décrivant son quotidien. Très vite j'ai été prise par la musique de l'écriture, sa poésie et j'ai adhéré au récit que j'ai au final beaucoup aimé.

Le narrateur repeint sa maison, pas comme tout le monde non !, avec un petit pinceau. Etrange, vous ne trouvez pas ?  En fait il a le temps, il prend son temps dans une vie contemplative, Renata l'a quitté, il lui reste Cassius son chat et puis Denis son ancien voisin lui rend visite. La vie passe lentement, jusqu'au jour où il y a des inondations dans la vallée, Cassius disparaît, il doit le retrouver, il enfourche "Séville" - c'est le nom de son vélo - pour partir à sa recherche et sillonne les chemins en oubliant qu'il le cherche. 

Il va sillonner la plaine, la vallée et la montagne, un peu comme les hauts et les bas de la vie sur sa bicyclette.  Il nous décrit sa fuite, son errance, les rencontres, tout et puis Etienne chez qui on ne sait pourquoi il s'est arrêté.  Dans son road-trip cycliste il nous décrit les choses de la vie, ce qu'il voit;  les paysages, les lieux, les terrasses de café, ses rencontres, le quotidien...

C'est l'histoire d'une fuite pour tromper l'ennui  mais aussi d'une solitude, de la façon d'être au monde.  Un récit qui contient beaucoup d'humanité.  L'écriture désarçonne au début mais elle a quelque chose de puissant, poétique, pas de dialogues mais le sentiment d'entendre l'oralité dans ce monologue intérieur.

Ma note : 8.5/10 

Les jolies phrases


 

Jamais je n’avais entendu parler de l’eau en ces termes. L’eau n’avait jamais été autre chose que celle que l’on met en bouteille, celle qu’on se passe à table, celle dont on règle la température avant d’entrer dans la douche, celle dans laquelle on se baigne. Elle est bonne l’eau ?, un peu fraîche au début mais une fois que t’es dedans tu t’habitues. Cette fois j’ai entendu des phrases comme l’eau arrive, tu ne peux pas aller là-bas, il y a l’eau qui barre la route, l’eau est entrée dans la résidence, l’eau a empêché mon mari de garer la voiture dans la cour. Cette eau je ne la connaissais pas. Elle décide. Elle dispose. Emporte tout, et laisse sa trace.

Dans la nature le meurtre est légitime.  La culpabilité n'existe pas.  La cruauté, il ajoute, non plus.

Pour ça qu'il a aimé toute sa vie?  Toute sa vie de vivant, il dit.  Depuis qu'il n'a plus personne à aimer il a perdu le fil de son existence.

Au final peu importe comment qu'on le voit, ce qui compte c'est qu'on soit d'accord sur le terme, celui qu'on a tous appris.  Ça nous fait croire qu'on voit tous pareil, et même qu'on a des outils pour le vérifier.