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Jujudu78
Explorateur

Il y a 3 mois | 109 vues

Sengo de Sansuke Yamada (Casterman)

Tokyo, 1946. Dans le Japon sous protectorat américain, Tokutaro Kawashima, sergent démobilisé de la deuxième guerre sino-japonaise, retrouve par hasard le première classe Kadomatsu Kuroda. Seuls survivants d’une attaque qui a décimé leur unité, les deux hommes tentent de refaire leur vie. Ces retrouvailles ne réjouissent pas l’ex-sous officier qui noie son mal-être dans l’alcool, tandis que Kadomatsu, poussé par une inébranlable envie de vivre, se raccroche à son supérieur. Cette série suit leur parcours, du marché noir noyauté par les yukasas aux maisons de plaisirs fréquentées par les américains en passant par une petite troupe de théâtre.

Sengo est remarquable à plus d’un titre. Tout d’abord, ce manga emprunte à plusieurs styles : récit de guerre, récit historique, road trip de deux individus aux caractères opposés, comédie, étude psychologique. Ensuite, le récit alterne des scènes dures et d’autres beaucoup plus gaies, grivoises, des scènes au présent et des flash-backs qui éclairent l’histoire des deux héros. Par petites touches, Sansuke Yamada nous décrit un Japon qui tente de tourner la page d’un passé peu glorieux, entre petites gens qui font preuve d’une incroyable résilience face à des anciens qui rejettent la défaite sur des jeunes n’ayant pas su défendre leur patrie. Le récit n’élude rien des exactions japonaises en sol chinois, ni du cynisme des gradés, qu’ils soient nippons ou américains. Enfin, le mangaka prend le temps de sonder tout au long des sept tomes la psychologie des deux héros et leur façon de surmonter la dureté des scènes de guerre auxquelles ils ont été soumis.

Par son rythme, sa documentation et sa galerie de personnages, Sengo ne vous lâchera pas.