Les Daronnes, de Yeon-shin Ma

Yeong-shin Ma voulait raconter l’histoire de sa mère. Il lui a donc offert un carnet (de luxe) et un stylo. Un mois plus tard, le carnet était rempli de souvenirs, d’anecdotes et de réflexions, matière au livre que je vous propose de découvrir.

On fait ainsi la connaissance de So-yeon Lee, employée dans une société de nettoyage, et de ses copines. Des femmes aux parcours assez compliqués, personnes simples vivant de peu, portées par l’amour de leurs enfants et un grand sens du devoir. On suit également leurs histoires d’amour, souvent assez ternes, dans lesquelles les hommes tiennent souvent un rôle assez ingrat, fuyant, lâche et cupide, auxquels elles répondent par une extraordinaire et constante naïveté. Il est également question ici de maltraitance au travail. Le récit s’achève sur une note plutôt optimiste, nos sympathiques quinquagénaires décidant de relever la tête et d’acquérir une indépendance à laquelle elles se sont toujours refusées.

Pas d’aventures dans ce livre mais une succession de tranches de vie qui sont autant de plongées dans une société coréenne bien loin des clichés et de la K-pop. J’ai été saisi par le vide abyssal des vies amoureuses des héroïnes, ces mauvais choix consciemment assumés, ces relations hommes/femmes mues presque exclusivement par un intérêt financier, ces adultères au vu et su de tous (conjoint compris)... Bref, un récit assez déroutant, et au final une découverte intéressante. Ou comment voyager grâce à la bande dessinée !

Initialement publié en 2015 aux éditions Lezhin, Les Daronnes a reçu en 2021 le Harvey Award du meilleur livre international, récompense obtenue entre autres par Pénélope Bagieux pour California Dreamin’ (excellent) ou encore le tandem Guarnido/Canales pour le tome 7 de Blacksad. Elle est pour la première fois publiée en français par Atrabile dont on ne peut que saluer la justesse des choix éditoriaux (Frederik Peeters, Ibn al Rabin…).