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ORjura
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Il y a 3 mois | 134 vues

L'île des chasseurs d'oiseaux de Peter May

Sur l’île de Lewis, dans le district de Ness au nord des Hébrides, a eu lieu un crime effroyable. L’inspecteur Fin est envoyé sur son île natale pour mener l’enquête avec Gunn, un collègue. Une affaire à Edimbourg dont il avait eu la charge ayant des points communs avec celle de Lewis, les aiderait peut-être à identifier le coupable...

Après 18 ans d’absence, Fin est heurté de plein fouet par ses souvenirs, découvrant combien ils sont mêlés à l’affaire elle-même. La complexité de son passé et de sa quête happe le lecteur dans les nombreux flash-backs structurant le récit.

Bien que la découverte du corps martyrisé d’un sale type au nom d’Ange (!) débute le roman, ce n’est pas sur son élucidation que se penche le plus l’auteur. Il dépeint avec une écriture précise et très imagée l’ambiance spécifique à ce lieu : ses paysages sauvages, ses traditions, les drames qui tissent les vies, les relations souvent frustres entre les gens, la violence du climat… 

Les mots en gaélique (comme : « ce que les écossais du sud appellent un teuchter, un plouc du Nord, immédiatement reconnaissable à son horrible accent insulaire »…), ajoutent à l’étrangeté des lieux.

Fin « revit » littéralement une sorte de rite de passage subi quand il était adolescent. Peter May décrit magnifiquement cette terrible tradition qui persiste encore de nos jours. Une fois par an, depuis des siècles, une dizaine d’hommes est conduite sur l’An Sgeir - un rocher inhospitalier et dangereux -, par un chalutier malmené par les violents courants de l’Atlantique et les tempêtes fréquentes. Le danger les guette dans les creux des falaises où ils glissent sur le guano amoncelé par les oiseaux. Ils sont là durant quinze jours pour la chasse au « guga » … ce serait dommage d’en dire davantage, alors je me tais !

Petit aperçu de l’ambiance : « Dehors, la tempête était en train de s’apaiser. Le vent continuait à siffler et à hurler dans les fissures et les crevasses de la roche, dans tous les goulets et les grottes, parmi les cairns laissés là par les générations précédentes de chasseurs de gugas. »

J’ai beaucoup aimé cette lecture qui convoque si bien les sens – on sent, on voit, on entend, on palpe -. Mais je n’ai pas été totalement conquise par la manière dont l’auteur dévoile les mobiles du meurtrier. Même si j’en ai dévoré les pages, il m’a semblé que cette dernière partie et sa happy end était un peu « tirée par les cheveux » . Pour moi, sa force n’égalait pas celle de l’ensemble comme si d’une certaine manière, je vérifiais que la résolution de l’enquête n’était pas la préoccupation majeure de Peter May.

N’empêche, c’est un superbe roman ... deux autres tomes sont à suivre pour notre plus grand plaisir !


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