Tungstène, de Marcello Quintanilha

De nos jours, à Salvador de Bahia, Brésil. Il fait chaud, et il n’y a pas que la température qui rend mal à l’aise les différents personnages dont nous suivons le parcours. Ici, la jeunesse trouve difficilement du travail, les femmes ont du mal à se faire une place dans la société, la police a tous les pouvoirs… Alors quand le chemin de quatre habitants de la ville se croise près du Fort de Notre-Dame de Monte Serrat, la situation devient explosive. Nous avons Cajù, un jeune dealer qui ne pense qu’à son prochain joint, M. Ney, un militaire à la retraite totalement déjanté, et Richard, policier reconnu mais dont la vie privée est un désastre, sa femme Keira voulant le quitter. Ils vont se retrouver tous plus ou moins impliqués dans une bagarre de rue comme il y en a tous les jours, mais celle-ci va les mener dans un engrenage inattendu.

Oubliez les images paradisiaques des plages de Copacabana et les danseuses de samba du carnaval de Rio !!! Ici, nous sommes plongés dans le Brésil de la vie quotidienne, celui de la débrouille et des drames qui peuvent en émerger, celui du poids des traditions qui empêchent de s'émanciper, celui des petits malfrats et de la police ultra violente. Ces quatre personnages sont finalement tous au bout du rouleau, chacun dans leur domaine, et leurs nerfs à fleur de peau sont l'étincelle pouvant faire exploser la situation. C'est tendu, le point de rupture est proche, la sueur n'arrange rien...    

La couverture est presque trompeuse. Cette eau turquoise est la seule couleur que vous verrez dans ce roman graphique. L'utilisation exclusive du noir et blanc accentue la tension et balaie tout espoir de voir la moindre image tropicale. Les textes sont percutants, les hurlements comme les onomatopées.    

Véritable coup de poing, presque un coup de coeur, « Tungstène » nous montre une autre image du Brésil, la vraie !!!