Oliphant, de Loo Hui Phang et Benjamin Bachelier (Futuropolis)

1916. La guerre fait rage en Europe. Le capitaine de brise-glace Gordon Kentigern Oliphant fait route vers l'Antarctique. A bord de son bateau, son fils adoptif Arcadi, son second Snark, parlant une langue mêlant anglais, français et espagnol, un fils à papa en provenance de Londres et plusieurs marins. Auréolé de ses exploits passés, le capitaine Oliphant ambitionne une traversée du continent blanc en traîneau. Mais le navire est d’abord bloqué par les glaces avant que celles-ci ne brisent sa coque, le condamnant à un lent naufrage. Le capitaine Oliphant entreprend alors un périlleux périple afin de rejoindre la côte en traîneau, puis gagner en canot la base scientifique la plus proche, éloignée de plus de 700 miles. 

Étonnant voyage que ce magnifique roman graphique, inspiré de l’histoire vraie d’Ernest Shackleton. Face à l’immensité et l’austérité de l'Antarctique, véritable personnage de l'histoire, les hommes révèlent leur nature profonde, Oliphant en meneur d’hommes impressionnant de calme, le mystérieux Snark, taciturne et calme, et le jeune Arcadi qui se fond dans les éléments comme s’il en était le prolongement.

Massif, menaçant, superbement peint à l’aquarelle par Benjamin Bachelier, l’Antarctique se montre également vulnérable. Chacun des huit chapitres du livre s’ouvre par l’explication d’un phénomène physique fondamental pour l’équilibre de notre monde et prenant naissance ou fin au pôle sud, pour mieux en souligner la possible réversibilité sous l’effet du réchauffement climatique. 

Aventure, documentaire, Oliphant est aussi traversé de jolis moments poétiques, comme au chapitre 2, où Arcadi explique que la structure de la glace est influencée par les vibrations de l’air et que par conséquent, la calotte glaciaire résultant de l’empilement de glace depuis des millions d’années, l’Antarctique est une gigantesque banque de sons.