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SophieCSB
Champion

Il y a 2 mois | 109 vues

Le grand soir, de Gwenael Bulteau

Hiver 1905 : la France enterre Louise Michel et, dans le cortège, Jeanne Desroselles, issue de la grande bourgeoisie, se mêle au peuple attristé. Avide de justice et de liberté, elle a fui sa famille et compte bien ne plus jamais avoir affaire à eux. Son vœux sera bien plus qu’exaucé.

Un an plus tard, sa cousine Lucie cherche à savoir ce qu’est devenue Jeanne. Découvrant peu à peu Paris lors de ses recherches, elle flirte avec le milieu ouvrier, les réunions syndicalistes et des personnages haut en couleurs qui prônent la grève et la révolte.

Car c’est décidé, le peuple ne veut plus se laisser mourir au travail. Il exige des horaires décents, un salaire qui leur permet de faire vivre leur famille, des prix abordables pour les denrées de base. Partout en province, les manifestations se multiplient, et tout le monde a rendez-vous à Paris le 1er mai prochain pour le Grand Soir.

 

« Le Grand Soir » est aussi bien une enquête policière qu’un roman social.

Dans la France du début du 20ème siècle, le peuple a faim et le grand capitalisme triomphe. Entre les miniers du Nord qui subissent des horaires infernaux dans des conditions de vie misérables, les ouvriers qui sont exploités à outrance et les femmes mises à la rue quand leur mari est mort sous le fouet du contremaître, il ne reste plus que la révolte. Les bourgeois craignent une jacquerie comme dans les temps anciens, et le gouvernement finit par mobiliser l’armée pour éviter à tout prix ce fameux Grand Soir prévu le 1er mai à Paris.

Dans cette tension palpable, retrouver une jeune femme disparue depuis un an n’est pas la priorité, et Lucie aura besoin de toute sa persévérance pour avancer dans son enquête. Elle trouvera de l’aide auprès d’une doctoresse proche du peuple. A elles deux, elles finiront par trouver le fin mot de cette histoire, vérité révoltante mais si commune à cette époque.

En parallèle des événements liés à la disparition de Jeanne Desroselles, l’auteur nous instruit sur l’organisation des manifestations ouvrières de cette époque. Entre syndicats et meneurs assumés, tout n’est pas fluide et chacun va essayer de tirer la couverture à soi. La police, pro-gouvernementale, mène des interrogatoires musclés et les condamnations se font sans procès, ou presque. L’époque est donc très dure, et la société, malade de son affairisme, ne changera vraiment qu’après la Première Guerre Mondiale.

 

Après avoir beaucoup aimé « La République des faibles », j’ai tout autant apprécié « Le Grand Soir ». L’auteur reste dans son style vif et travaillé, dans une écriture abordable et précise à la fois. Il nous a concocté une très belle histoire pleine de cris de révolte qui ne laissera personne indifférent. Une excellente lecture que je recommande à toutes et tous.