Retour
visuel principal de la chronique
AMB37
Légende

Il y a 2 mois | 76 vues

LE GENRE DE LA MAISON (Eliane Serre)

Trois voix dans ce  roman, sur un temps très court, celui d’un drame. Des voix de femmes face au décès de l’une d’entre elles au sein d’une même famille : Gloire. Elle est la sœur de Gabrielle dont la mère Aude est la fille de Jacqueline.

Aude et Jacqueline ont toutes deux été femmes de militaires, bien plus que  femmes au foyer au sein des garnisons, un microcosme guindé et mesquin dont la grand-mère (Jacqueline) saura tirer parti. Les femmes de gradés l’ont dans le nez à cause de son nez typé et de ses origines pied-noir, elle sait en faire ses obligées. La disparition dramatique de Gloire la fait effeuiller ses souvenirs dans le secteur protégé à l’EHPAD  des Alizés . En silence, car elle a décidé de ne plus dire un mot depuis le décès de son deuxième compagnon. J’ai apprécié ce personnage un peu déjanté dont les pensées expriment en vrac des petits éclats de tendresse.

Aude se réconcilie avec l'image de sa fille, l'histoire mouvementée de Gloire qu'elle avait perdue de vue sans la perdre de coeur. C'est émouvant.

Gabrielle raconte sa sœur, sans qui elle ne serait pas ce qu’elle est, elle ne pourrait faire ce qu’elle fait. Leurs rapports aux hommes sont au centre de leur intimité fraternelle :Gloire a une sexualité débridée, elle se raconte, Gabrielle est misandre et casanière, elle écoute et publie ce dont se vante sa sœur. Cela peut paraître obscène, mais le ton de l’autrice parvient à rendre les deux personnages étrangement attachants.

Dans un contexte resserré , on saute de l’institut médico-légal à l’église, puis à l’Ehpad, avec en toile de fond les souvenirs des unes et des autres, l’histoire familiale peine à s’insérer entre amour et chagrin, c’est comme un puzzle inachevé. L’écriture d’Eliane Serre m’a cependant accrochée, sa manière décalée de camper ses personnages tout autant. Pour un premier roman, c’est prometteur.

Merci au plouf ! plouf day !