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SophieCSB
Champion

Il y a 2 mois | 475 vues

Burning Sky, de Stéphane Przybylski

1863. Les Etats-Unis sont en pleine guerre civile. Le Sud commence à s’essouffler et Lincoln veut lui porter le coup de grâce.

C’est dans ce contexte que le jeune Ferenc Von Richter, représentant du roi de Prusse, débarque dans le Nouveau Monde pour suivre les événements et en faire un rapport à son souverain. Dans ses pérégrinations, il rencontre Ferdinand von Zeppelin, et les deux hommes partagent leurs vues sur l’avenir des machines aériennes qui, ils en sont sûrs, vont changer la face des guerres.

Mais Ferenc prend aussi conscience de la géopolitique qui l’entoure. Napoléon III soutient un empereur fantoche, Maximilien, au Mexique afin de contrebalancer l’influence américaine. Le Sud esclavagiste le dégoûte. Les natifs sont repoussés de plus en plus vers l’Ouest où les Blancs commencent à s’implanter trop facilement grâce au chemin de fer. Dans ces imbroglio diplomatiques, Ferenc pourrait bien voir une opportunité de bâtir enfin son ballon dirigeable et le mettre au service d’une cause qui lui tient à cœur : la liberté pour les natifs et leur mode de vie proche de la nature.

Aidés d’un groupe hétéroclite de déserteurs à la recherche d’une cause noble, Ferenc va jouer au jeu dangereux de la neutralité dans un pays pour qui l’appât du gain doit forcément vous faire choisir un camp. Ses idées de doux rêveur lui permettront-elles d’arriver à son but ?

 

Je suis toujours assez tentée par les uchronies. Elles proposent un avenir original tout en nous poussant à comparer la fiction et la réalité : est-ce plausible, et cela aurait-il été mieux ? « Burning Sky » ne déroge pas à la règle.

Si la guerre civile américaine est ici racontée comme elle a réellement eu lieu, c’est la machine volante de Ferenc qui va en bouleverser la conclusion. Dans un souci de neutralité et de protection des populations natives, notre jeune héros va monter tout un stratagème pour que le Nord et le Sud continuent à se faire la guerre. Ainsi, les différentes tribus indiennes pourront vivre en paix. Tout cela est louable, mais doit tenir dans le temps. Pourtant, on comprend dès le prologue que les Etats-Unis ne vont pas devenir la grande puissance que l’on connait. L’histoire devient alors passionnante à lire et je reconnais beaucoup d’imagination à l’auteur.

Tout en imaginant un avenir différent de celui que nous connaissons, Stéphane Przybylski n’en dénonce pas moins les exodes forcés des natifs américains, la politique colonialiste des Européens ou les massacres perpétrés au nom de Dieu. Que ce soit dans une uchronie ou non, la soif de pouvoir a toujours les mêmes conséquences pour les populations.

Roman uchronique par excellence, j’ai beaucoup aimé la période choisie qui fait de ce récit un véritable western, avec ses villages perdus, ses Colts vite dégainés, ces plaines remplies de bisons et ce chemin de fer diabolique atteignant la côte ouest à toute vapeur. L’ensemble est relaté à différentes époques nous permettant de comprendre comment chaque personnage en est arrivé là. Les chapitres alternent bien les visions militaires du Nord, du Sud et l’avancée de Ferenc dans son projet. De fait, on ne s’ennuie pas du tout et on a envie de connaitre la fin.

Une très belle découverte pour moi que ce « Burning Sky » dont je vous laisse comprendre le titre en le lisant !


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