Un coup de coeur : Par le bout du nez de Sarah Bouasse

Chacun pourrait probablement écrire sa propre histoire intime des odeurs, comme l'a fait avec passion et sens du partage, la jeune journaliste Sarah Bouasse, car nous avons tous un vécu avec notre nez et tout ce qui l'environne. Certains d'entre nous y faisons peut-être un peu plus attention que d'autres. 

J'avais adoré l'interview de Mathilde Laurent, parfumeur chez Cartier, que Sarah avait mise en forme, je suis donc heureuse d'avoir lu son premier livre, sorti en mai. 

Cette journaliste spécialisée en parfums, de 35 ans, a eu envie d'écrire ce livre quelque temps après le Covid, quand tout le monde a su enfin expliquer ce qu'était une anosmie... 

Je suis très friande - et j'emploie ce mot à dessein - de ce genre de livres, car pour moi ce sont toujours des bonbons, ayant travaillé 30 ans dans le monde de la parfumerie, et que mon nez a gouverné et gouvernera toute ma vie, pour mon plus grand plaisir. 

Apprentissages... 

Ce que Sarah nous dit, nous préconise, nous recommande, grâce à ce livre, c'est "Sentez, sentez, sentez", si vous voulez être au monde et l'écouter ! 
"Ouvrir les narines, c'est simplement tendre l'oreille à cette façon si particulière qu'a le monde de nous apparaître." 

Ou "Personne ne reçoit la naissance un pif  plus performant que les autres." 
Mais chacun peut apprendre, à n'importe quel moment de sa vie, à mieux s'en servir. La lecture de ce livre vous y aidera. 

Parler vrai : 

L'autrice sait appeller un chat un chat et en l'occurrence une chatte... une chatte, si vous voyez ce que je veux dire ! 😉 J'aime quand elle parle vrai, quand elle s'insurge contre les protections hygiéniques parfumées, comme si, nous les femmes, étions des êtres puants, pendant cette période habituelle, naturelle, et partagée par plus de la moitié de la planète. 

Son livre est truffé (😀) d'anecdotes, vous apprendrez plein de choses sur notre génome, sur l'amour universel pour la vanille, sur les différences hommes et femmes en parfumerie comme en œnologie, sur les maladies neurodégénératives. 

Et pourquoi voyager permet, en découvrant de nouvelles odeurs naturelles comme synthétiques, de remettre pas mal de notions en questions. 

Sarah a rencontré beaucoup de parfumeurs grâce à son métier, vous parle du leur, du souvenir, du deuil (des êtres aimés comme des parfums de notre vie qui ne sont plus produits !), de la maternité, des grands moments de vie. 

J'adore quand on me parle d'odeurs.
A la simple évocation du tilleul, de la colle Cléopâtre, de la mousse à raser, de Jicky ou Shalimar de Guerlain, de l'Earl grey, de pain grillé, de pipi de chat, d'odeurs dites bonnes ou mauvaises - dichotomie dont il faudrait se départir d'ailleurs - je m'envole et je savoure les odeurs dans ma tête. 🤩 

Rien qu'à la lecture de "Par le bout du nez", vous vous sentirez plus sensibilisé à ce monde qui nous entoure, nous pénétre, même, sans avoir rien à faire pour ça. Puis, contrairement à ce qu'une certaine pudeur nous impose, sentez tout ce qui est à portée de nez, et vous pourrez vous crée  votre alphabet olfactif.👃