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Légende

Il y a 2 mois | 83 vues

L’île des chasseurs d’oiseaux (Peter May)

Approchez-vous d’An Sgeir (ou Sula Sgeir) , une île déserte et escarpée située au Nord des Hébrides et une puissante odeur de guano vous saisira la gorge. Des bruissement d’ailes aux envergures majestueuses, des nuées blanches qui tourbillonnent, glissent au-dessus des vagues en furie, des arrah-arrah rauques  et des nids, des nids, des nids à n’en plus compter. On est en septembre, la fin de l’été, le début d’une tuerie pour les poussins des fous de Bassan (appelés gugas)  à 64 kms de Butt of Lewis, l’extrémité nord de l’île de Lewis en Ecosse, au nord-ouest de la Grande Bretagne.

Un drame pour ces beaux oiseaux, une tradition culturelle encadrée par un quota autorisé de deux mille jeunes oiseaux capturés, plumés, tués et salés sur place pour être consommés et le nœud atypique de ce roman policier passionnant et dépaysant qui met en scène l’enquête de Fin  Macleod et Georges Gunn . Dès le prologue, la réalité crue du cadavre pendu et éviscéré d’Angus Macritchie saisit le lecteur  d’autant qu’il  rappelle (dans son mode opératoire) un meurtre précédent,  à la Police d’Edimbourg .

Dès lors, Fin Macleod va plonger dans une tourmente de souvenirs douloureux à l’image des paysages sauvages et tempétueux de Lewis . Crobost, son village, sa famille, ses copains , ses amours lui remémorent sa condition d’orphelin, sa terrible solitude. La résolution de l’affaire évolue au cours de chapitres qui ravivent les récits d’enfance de Fin, peu à peu on comprend que son destin n’est peut-être pas étranger à la mise en scène de ce crime, mais le suspense est parfaitement entretenu dans une atmosphère sombre qui oppresse. Les différents protagonistes naissent les uns après les autres au cours du cheminement personnel de Fin, autant de pièces d’un puzzle qui prennent insidieusement valeurs d’indices dans son enquête.

Les descriptions (paysages, personnages, tempêtes) portent à merveille une atmosphère brumeuse et mystérieuse à l’image de l’amnésie angoissante et cruelle qui habite Fin Macleod. Ce terrible secret se révèle dans les toutes dernières pages, c’est un beau challenge d’écriture riche et saisissant dont le contexte magnifie le sordide mobile. Je vais dès maintenant me plonger dans l’opus 2 de la Trilogie Ecossaise: l’homme de Lewis.

Merci à la chronique d’ORJURA de m’avoir mise sur la piste de Peter May. Ce roman Policier m’a replongée avec bonheur dans les beaux paysages de mon dernier voyage, l’Ecosse.

 

 

Pour Info : « Le poussin du fou de Bassan, dénommé guga en anglais d'Écosse, constituait jadis un aliment recherché dans tout le Royaume d'Écosse. Au XVIe siècle, il était servi à la table des souverains écossais et les personnes riches en raffolaient comme « mise en bouche ». Aujourd'hui encore, les habitants de Ness considèrent la chair des jeunes fous de Bassan comme un mets des plus raffinés, encore que d'autres jugent que cette appréciation tient plutôt du conditionnement culturel. La loi de 1954 sur la protection des oiseaux comporte une disposition spéciale qui autorise expressément la poursuite de ces campagnes de chasse traditionnelles des hommes de Ness sur Sula Sgeir, bien que des associations de protection des oiseaux aient tenté d'obtenir leur interdiction totale. »