L’Ascension du Haut Mal, de David B. (L'Association)

Haut Mal : nom utilisé au Moyen-Age pour désigner l’épilepsie. Une maladie dont souffre Jean-Christophe, fils aîné d’enseignants installés près d’Orléans dans les années soixante. A ses côtés, son frère cadet (et auteur de la bande dessinée) Pierre-François et Florence, la petite dernière. Parue de 1996 à 2003, cette série réunie ici en un seul volume raconte l’histoire de cette famille des années soixante à la fin des années quatre-vingt-dix. 

Que faire pour soigner son fils malade lorsque l’on s’est heurté à la froideur des grands spécialistes qui ne voient dans leurs patients que des cas d’étude ? S’en remettre à toutes les médecines alternatives, avec plus ou moins de convictions, mais toujours le secret espoir que cela pourrait fonctionner. Magnétiseurs, communauté macrobiote, ésotérisme, gourous, charlatans, les parents de Jean-Christophe vont tout essayer pour des résultats évidemment vains. Pour Pierre-François, surmonter l’absence du grand frère et à son lent glissement vers la folie passe par le refuge dans le dessin, la création d’un univers peuplé de héros et des échanges avec des confidents imaginaires. Les échappatoires finalement vaines, tant la lourdeur du handicap du grand frère rejaillit sur toute la famille, parents dont la vie intime en prend un coup, petit frère qui endosse à son corps défendant le rôle de grand frère, et petite sœur qui s’efface totalement.

Toute ressemblance avec une autre série autobiographique à succès serait fortuite. Car ici tout est sombre, étouffant comme peut l’être une maladie invalidante, pour celui qui en souffre comme pour son entourage. La force de la série ne réside pas uniquement dans le récit d’une histoire familiale sur plusieurs générations, mais dans la description des sentiments ambivalents de Pierre-François (qui s’est rebaptisé David) envers son frère. Le dernier volume est à ce titre particulièrement émouvant, où les deux frères devenus adultes se livrent à un échange imaginaire, sorte de bilan/règlement de compte plein d’amour et de tendresse.