"Le bomian" de Page Comann

1955, un petit village provençal et ses habitants englués dans leurs habitudes, leurs ragots, leurs mensonges et leurs non-dits, leurs secrets que tout le monde connaît mais dont personne ne parle.

Le temps s'écoule lentement, les jours se ressemblent, jusqu'à l'arrivée d'un étranger, un "bomian" comme ils l'appellent. 

L'homme est un légionnaire, il ne fait que passer. Il dit chercher du boulot en échange du gîte et du couvert, mais il n'est pas là par hasard et sa présence va bousculer l'équilibre fragile qui règne dans ce village. 

Ian MANOOK et Gérard COQUET, une nouvelle fois réunis sous le pseudo collectif Page COMANN, nous offrent, après "Souviens-toi de Sarah" et "Outaouais", un "roman du terroir" dont l'action se déroule en Provence. 

Leur écriture très "visuelle", agrémentée de multiples expressions provençales, nous donne l'impression de pouvoir humer le parfum de la lavande, d'entendre les cigales et de sentir le vent s'engouffrer entre les pages du livre.

Les personnages hauts en couleurs —  le simplet amoureux de l'institutrice, le bistrotier et ses compères jouant aux cartes, le curé au sacré caractère —  et bien sûr les collines et la garrigue avec sa faune, sa flore et ses ruisseaux, … tous les ingrédients sont réunis pour évoquer Pagnol, mais cet environnement aride et difficile, ce mélange de rancœurs, de désirs, de convoitises, rendent cette histoire moins douce, plus éloignée de la vision de carte postale qui caractérise trop souvent cette région.

Merci à Nathalie et au Forum pour cette parenthèse provençale que j'ai pris plaisir à parcourir!