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Il y a 1 mois | 60 vues

La sentence de Louise Erdrich

 « Quand j'étais en prison, j'ai reçu un dictionnaire. Accompagné d'un petit mot : Voici le livre que j'emporterais sur une île déserte. Des livres, mon ancienne professeure m'en ferait parvenir d'autres, mais elle savait que celui-là s'avérerait d'un recours inépuisable. C'est le terme "sentence" que j'y ai cherché en premier. J'avais reçu la mienne, une impossible condamnation à soixante ans d'emprisonnement, de la bouche d'un juge qui croyait en l'au-delà. »

Après avoir bénéficié d'une libération conditionnelle, Tookie, une quadragénaire d'origine amérindienne, est embauchée par une petite librairie de Minneapolis. Lectrice passionnée, elle s'épanouit dans ce travail. Jusqu'à ce que l'esprit de Flora, une fidèle cliente récemment décédée, ne vienne hanter les rayonnages, mettant Tookie face à ses propres démons, dans une ville bientôt à feu et à sang après la mort de George Floyd, alors qu'une pandémie a mis le monde à l'arrêt...

La littérature amérindienne aux États-Unis s’est évanouie à la fin des années soixante dix, portée par de grands auteurs  comme Navarre Scott Momaday qui a obtenu le Pulitzer en 1969, Sherman Alexie ou James Welch. Mais c’est oublier une grande figure littéraire de la renaissance  amérindienne, Louise Erdrich.

 De sa plume poétique et son écriture fluide, elle nous conte l'histoire d'une librairie de Minneapolis hantée par un ancien client décédé, sur fond de pandémie et du meurtre de George Floyd. Le livre évoque également les difficultés liées à la vente de livres ainsi que la vie des Amérindiens et des détenus en prison. Un roman qui commence comme un thriller, puis comme une grande évasion, entre les barreaux d'une prison puis dans une librairie, « La Sentence ». Inspiré et émouvant, l’auteure nous promène dans sa librairie,  elle nous entraîne pour ressentir les effluves des livres toujours précieux, des livres que nous donnent envie de tourner les pages et de voyager. Ce roman est aussi et surtout un merveilleux conte fantastique et une savoureuse passion pour la littérature. A travers son attachante héroïne, Tookie, elle montre la résilience et la résistance de la culture amérindienne.  Un très beau roman qui confirme Louise Erdrich comme une auteure majeure de la littérature américaine contemporaine. Ce roman est une ode à la vie, à l'amour des livres. Flamboyant !