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ORjura
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Il y a 1 mois | 67 vues

Le bomian de Page Comann

Ce 14 juillet 1955, la fête se prépare au village de Mazet-Sur-Rourle. Ses calades, sa garrigue et ses collines, ses mauresques et ses parties de belottes s’animent. Sans compter sa fontaine dont la statue de Vénus fait fantasmer les hommes et attise la méfiance des femmes.

L’ambiance est caniculaire, « Ici, on dit que le soleil, c’est l’or des pauvres et le clair-obscur de Dieu », et de terribles événements vont raviver un passé qui n’est pas folichon… Des ragots et des secrets. Des amours et des cocufiages. Des rancœurs et des haines. Des vengeances et des morts. Des personnages aux histoires embrouillées…

Dès la première page, on rencontre le César. Si ce n’est son boulot de « bistrotier », il n’a rien du « bon père de famille » du César de Marcel Pagnol et compose une figure d’anti-héros, parfois touchant.

Des conflits anciens se répètent, liés au personnage étrange du Pabeu. Un benêt de 16 ans à la « tignasse peignée d’un coup de mistral ». Mais il n’est pas si benêt, même si les mauvaises langues disent qu’il a « du vent entre les deux oreilles », car il a été élevé par la Bertille, sans père ni mère.

La Bertille, « Le Pabeu la cite pour tout. Quand elle détricote la réputation d’un villageois, qu’elle crochète les secrets d’une veuve, qu’elle rapièce les héritages sordides (…). Ou juste pour expliquer le bon geste devant une marmite qui hésite à bouillir ».

La belle Lisou, l’institutrice du village, a perdu son homme à la guerre d’Indochine et se refuse aux autres... Mais, à son corps défendant, elle causera bien du malheur… Il y a également le curé, ses proverbes et dictons. La mairesse, une femme libre, ancienne cheffe de la Résistance. Le directeur de l’école, un salopard, un sans gêne.

Le bomian enfin, un étranger, un romanichel, un rastaquouère venu à pied bien qu’un« Chausson 52 couleur moutarde avec le capot en nez de cochon » sillonne la région. Dès qu’il entre dans le village, chacun se méfie et comprend rapidement qu’il vaut mieux ne pas trop se frotter à lui. Le bomian force le respect, et même la sympathie. Jusqu’à ce que l’un des protagonistes ait pour une fille, « des doigts au bout des yeux et des frelons dans les brailles » …

Mis à part celui du Pabeu, il m’a semblé que les caractères des personnages auraient pu gagner en « complexité ». La lecture n’en est pas moins savoureuse, l’intrigue addictive, truffée d’expressions et de bons mots provençaux aux couleurs de lavande.

 

Merci à Nathalie et au forum pour la découverte de ces deux auteurs, grâce au challenge des emojs ❤️

 


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