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Caroline7
Légende

Il y a 30 jours | 49 vues

"Ô nation sans pudeur" de Philip K. Dick

"Ô nation sans pudeur", ("Gather Yourselves Together" en version originale), est un roman de jeunesse de Philip K. Dick, écrit vers 1948-1950 et publié à titre posthume par WCS Books en 1994. Comme beaucoup de ses premiers livres qui ont été considérés comme non publiables lors de la première soumission des manuscrits, il ne s'agit pas de science-fiction, mais plutôt d'une œuvre de fiction littéraire.

L'histoire:

Après la victoire finale des communistes chinois de Mao Zedong en 1949, une société américaine s'apprête à abandonner ses activités en Chine, laissant derrière elle trois personnes chargées de superviser les affaires transitoires : Carl Fitter, Verne Tildon et Barbara Mahler. En attendant l'arrivée des Chinois, tous les trois commencent alors des vacances improvisées dans ce complexe industriel laissé à l'abandon, que le soleil étouffant et le farniente transforment bientôt en un huis clos étouffant où les cœurs et les tempéraments s'échauffent.

Mon avis:

Ce livre est difficile à résumer, avec des longueurs dans certaines parties, des digressions fleuve sur la musique, un style aux métaphores parfois trop appuyées et un schématisme assez maladroit sur la psychologie amoureuse, la perte de virginité et la différence d'âge. 

Une grande partie du récit est constituée de l'histoire de chacun des trois personnages principaux, racontée en flash-back. La première moitié du livre est relativement bien soignée avec des détails vivants sur les personnages et les époques. La seconde moitié est plus difficile à lire, la plume de l'auteur étant encore un peu immature (plein de perspicacité psychologique et philosophique, de fascination pour l'histoire, mais répétitif par endroits et parfois difficile à suivre).

Bien qu'il s'agisse d'une œuvre de jeunesse qui ne relève pas de la science-fiction, la fascination qu'exerce ce roman réside dans l'identification des thèmes que Dick développera plus tard et qu'il fera siens : 

* Carl tient un carnet qui ressemble beaucoup à l'Exégèse de Dick dans les années 1970.

* L'histoire du « chat mort » est très similaire à celle qui sera utilisée plus tard dans VALIS.

* La « fille aux cheveux noirs »  est l'archétype de la femme "dickienne", entre femme fatale menaçante et âme-sœur.

* La conclusion du roman établit des parallèles ténus entre l'Amérique et la fin de l'Empire romain, ainsi qu'entre les premiers chrétiens et les Chinois communistes.

En conclusion:

Pris comme un roman à part, c'est une œuvre imparfaite qui ennuiera la plupart des lecteurs, bien qu'elle soit magnifiquement écrite en de nombreux endroits. 

Considéré comme une partie de l'œuvre de Philip K. Dick, ce livre est vraiment intéressant, il nous donne un aperçu de la gestation de certaines de ses idées clefs et, même si l'auteur n'avait pas le niveau de maturité nécessaire pour en faire un grand roman, il n'en était pas très loin.


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