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Gotrab
Légende

Il y a 22 jours | 122 vues

LA BEDONDAINE DES TANUKIS par Inoue Hisashi

Ce récit et ses personnages particuliers m’ont conduit à faire des recherches sur la mythologie japonaise et ses croyances ancestrales vis à vis du paranormal, devenant ainsi une sorte de fil conducteur tout au long du roman dont je vous présente le fruit qui n’engage que moi-même.

La légende du Tanuki* apparaît au Japon entre les IVe et VIIe siècles. Représenté comme un raton laveur au ventre rebondi, il est perçu de bon augure sauf lorsqu’il prend une apparence humaine et n’hésite pas, alors, à mentir, à voler et même à tuer.

Le Tanuki fait partie du « Yokaï » : groupe d’entités paranormales.

Bien que son image ait évolué au fil des siècles, elle reste, néanmoins, .toujours aussi farceuse.

A l’époque Edo (1603-1868), ce personnage devient si populaire qu’il est représenté dans les estampes avec humour, souvent affublé d’un chapeau de paille, d’une gourde de saké, un ventre bombé et un scrotum (bourse) de grande taille qui touche le sol.

Avec un ventre aussi généreux qui lui sert de tambour, il émet un son distinctif « Pompoko pom pom ! » lorsqu’il le frappe.

Outre son apparence, l’animal facétieux est réputé pour son appétit inassouvi tant du saké que de la nourriture. Il semblerait qu’étymologiquement, son nom provienne de : « ta no nuku » (surpasser autrui).

Dans le Japon du XXIe siècle, il n’est pas rare de voir des effigies du Tanuki devant les restaurants et autres commerces, car cette créature est également synonyme de prospérité et de bonne fortune.

Ils utilisent leurs pouvoirs de métamorphoses en arbre, pierres, divers objets domestiques ou personne humaine afin de jouer des tours aux gens , ce dont ils raffolent.

Quant au renard « Kitsune » il fait aussi partie du Yokaï. C’est un animal polymorphe qui possède de nombreux pouvoirs dont celui de prendre l’apparence d’une jeune femme. A un âge mûre, le Kitsune devient extrêmement puissant et peut prendre n’importe quelle apparence, lire dans les pensées, prendre possession des esprits et des rêves.

Dans les récits, on lui confère des pouvoirs magiques et une intelligence très affûtée. Il peut posséder jusqu’à neuf queues, signe d’expérience avancée et de sagesse, sa fourrure est alors blanche.

Le festival le plus connu est le « Oji Kitsune no Gyoretsu » (la parade des renards Oji) qui se déroule la veille du nouvel an à Tokyo et rassemble des centaines de personnes, déguisées ou maquillées en renard qui se rendent dans les sanctuaires, envahis de statuettes de Kitsune pour l’occasion.

Les Kitsune sont connus pour être les messagers et les gardiens d’Inari, divinité protectrice du riz et du commerce, dans le shintoïsme .

De nos jours, le dessin animé Pokemon a présenté deux versions dérivées du Kitsune : Feunard et Groupix.

* Dans la langue japonaise le « u » se prononce « ou »

 

L’histoire 

Ce roman nous plonge dans le Japon, en pleine période Edo, dans la riche province d’Awa dont la spécialité est la culture de l’indigo, contrôlée par un Intendant Général du nom de Hamashima Shôbei , coureur de jupons devant l’Éternel.

Celui-ci projetait de convoquer Omiyo, la fille du teinturier Moémon Yamatoya, pour en faire sa concubine et décida de mettre des bâtons dans les roues de Moémon, si celui-ci refusait sa demande.

Un peu plus tard, Moémon sauva la vie d’un Tanuki et, en retour, celui-ci aida Omiyo à sortir des griffes de l’intendant qui, tombant en disgrâce auprès du seigneur de la province pour cet harcèlement, promit de se venger à n’importe quelle occasion.

Par la suite, le Tanuki, en prenant la forme humaine d’un jeune homme répondant au nom de Chôkichi et comptable de son état, tomba amoureux de Omiyo qui partageait le même sentiment pour lui.

Malheureusement un Tanuki ne peut s’unir à une jeune femme sans en provoquer la mort vingt et un jours plus tard d’où l’expression : « à grande beauté destin funèbre ». Dès lors, le jeune Chôkichi, décida de tout faire pour se transformer définitivement en humain.

S’en suivront bien d’événements et d’obstacles qui jalonneront sa route pour cette transformation, sans compter sur le rôle obstructeur des Renards qui entretiennent un suspens très bien conduit par l’auteur, tout au long du récit de 475 pages.

Y parviendra-t-il ?

Cette fiction met en relief une critique de notre monde actuel sous la forme d’un réquisitoire qui vaut son pesant d’or, sans faux semblants, lucide et mordant, un morceau d’anthologie…

Le style de l’écriture est volontairement celui de la période Edo, utilisant des tournures de phrases anciennes mais l’histoire se parcourt avec plaisir comme si l’on regardait un film d’animation japonais.

Épopée euphorique et roman d’aventures extravagant nous prévient l’éditeur.

Évasion garantie.

 

L’auteur Inoue HISASHI (16/11/1934 - 9/4/2010)

Ecrivain à succès et dramaturge Japonais populaire, crée sa propre troupe théâtrale en 1984.

Ses pièces sont comiques et satiriques, dans la tradition du genre « Gesaku » de l’époque Edo. 

Ardent militant antinucléaire et pacifiste.

De nombreux prix littéraires ont été décernés à ce magicien du langage.

 

Le traducteur

Jacques LALLOZ diplômé de l’INALCO, a enseigné à l’université franco japonaise de Kyoto et à l’université de Kyodaï.

Il a reçu plusieurs récompenses pour ses traductions littéraires de nombreux auteurs japonais qu’il fait connaître au public Français, dont les prix Noma en 1998 (les Ténèbres d’un été /Picquier)et Konishi en 2009 (les 47 Ronins / Picquier)

Il reste le pionnier des traductions de Mangas avec un palmarès de plus de 600 d’entre eux et vit actuellement à Kyoto.

Je tiens à le féliciter pour le rendu du langage littéraire des XVIIe et XVIIIe siècles aux mots et tournures de phrases particuliers souvent difficile à rendre dans une autre langue que la sienne.


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