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Il y a 16 jours | 56 vues

Murène de Valentine Goby, Actes Sud, 2019

En cet hiver 56, le camion qui emmène François pour aider un cousin dans une scierie des Ardennes, reste bloqué à cause du froid. Le jeune homme part chercher du secours dans un village proche. A 22 ans, il est souple et léger, mais il court à la catastrophe...

Il oubliera le camion et son chauffeur, il oubliera Nine, il oubliera tout de ce monde. « Ce ne sera pas une souffrance, l’amnésie sauve du venin de la perte (…) Le monde est lourd d’infimes apocalypses... ».

 

De son écriture ciselée, précise, Valentine Goby déchiffre à la fois une époque (l’après-guerre et les débuts de l’Algérie), un environnement (l’hôpital), un milieu (celui du handicap et celui du sport paralympique).

Elle suit lentement les méandres de la reconstruction. Celle de la France, où, en l’absence de protection sur les échafaudages, on prend des risques insensés, Celle du corps mutilé et de l’âme de François, qui doit se remettre de l’effroi, pour pouvoir se définir autrement qu’en terme de manque.

 

François rejoindra L’Amicale sportive des mutilés de France, malgré ses réticences : « La seule idée d’un collectif d’amputés tenait François à distance. (…). C’est peut-être une erreur. On l’a pris pour un soldat. Il téléphone quand même ».

François va s'y faire enfin des amis, et découvrir le bonheur de nager. Et l’eau, comme une matrice, lui donnera le sentiment d’être entier…


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