Le nageur de Pierre Assouline

Alfred Nakache dit « Atem » est un nageur français né à Constantine. Il sera champion de France et d’Europe et recordman du monde de natation. Il s’entraîne au club du racing. Il est victime d’injures antisémites. En 1936, Atem quitte le racing et rejoint alors le club des nageurs de Paris où ils l’attendent. Il participe aux Maccabiades en Palestine. Il concourt pour la France. Il finit 1er du 100 mètres nage libre, mais il est rétrogradé à la deuxième place pour ne pas avoir touché le mur d’arrivée !
Les jeux olympiques de Berlin se déroulent du 1er au 16 août 1936. Adolphe Hitler déteste participer à ses jeux mais Goebbels va le convaincre de leur utilité pour la propagande et la supériorité de la race aryenne. Alfred Nakache soutenu par le gouvernement français se rend en Allemagne avec 200 athlètes français.
En athlétisme les résultats allemands sont bien inférieurs à ceux des noirs américains dont Jesse Owens. Hitler n’assiste plus aux épreuves. Ces J.O. signent aux yeux du monde une parfaite organisation nazie.
En France, Jacques Cartonnet est opposé à Alfred Nakache. Il est fantasque, mondain et peu assidu à l’entraînement. Il aime les honneurs. Alfred Nakache est rigoureux, sérieux et cherche sans arrêt à s’améliorer au gré de ses entraîneurs. Les deux ont des tempéraments de gagneur. Mais Alfred Nakache gagne de nombreux titres au détriment de Jacques Cartonnet qui lui en veut.
Alfred Nakache s’inspire de Boitchenko, un nageur russe qui a réinventé la brasse pour en faire une nage papillon. Atem s’entraîne beaucoup et améliore ses gestes. Il travaille sur la limpidité notamment pour améliorer sa puissance, sa rapidité et sa glisse sur l’eau. Il excelle dans cette nage. Il faut noter que Jacques Cartonnet a été champion du monde. Les rivalités envenimées par la presse sont bien présentes.
En 1939, la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne.
En septembre 1940, les juifs sont déchus de leur nationalité française. Alfred Nakache qui vient d’obtenir ses diplômes ne pourra pas exercer son métier de professeur. Les emplois d’Etat leur sont interdits. Il s’installe à Toulouse, en zone libre, avec sa femme Paule et sa fille Anne. Sans adhérer à « l’armée juive », il va s’impliquer dans un groupe de résistants juifs qui se réfugient dans la montagne noire du Tarn. Il y entraîne de jeunes recrues. Grâce au soutien de quelques personnalités, il continue à s’entraîner malgré l’interdiction.
En 1942, les événements se précipitent : rafles, déportations….
L’été 1943 est très violent. La gestapo, la milice et la police arrêtent sans distinction. Jacques Cartonnet refait surface en uniforme de la milice avec une arme.
À Toulouse, capitale de la résistance du Sud, la milice est partout. Alfred Nakache et sa famille tentent de passer en Espagne puis renoncent. Il est arrêté le 21 décembre 1943 dans le gymnase où il s’entraîne. Sa femme Paule est arrêtée à leur domicile par la gestapo. Des personnes connues ne semblent pas étrangères à cette arrestation. Un règlement de compte ?
Ils sont transférés avec leur fille de deux ans et demi à Drancy puis à Auschwitz et à Buchenwald.

Un superbe récit bien documenté qui nous révèle le comportement du régime nazi face aux sportifs de haut niveau. C’est également révélateur d’une vie consacrée à une passion avec ses contraintes et ses espoirs. Quelle vie pleine de volonté, de travail et de respect. Un bel exemple !
À découvrir !