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Lebrac25
Débutant

Il y a 2 ans | 175 vues

Un roman français qu'on aurait tort de cantonner à la jeunesse ...

Nous sommes en 1912 .

Autrement dit : 30 ans avant « Le club des cinq », 31 ans avant « Le petit Prince », 47 ans avant « Le petit Nicolas », 73 ans avant « Calvin et Hobbes » … et je ne parlerai même pas des « Cédric » et autres « Titeuf » . 

Pourtant, à la lecture de ce livre, leurs regards sur l'enfance et leurs aventures semblent d'un lisse et d'un vieux-jeu déplorable . 

C'est que Pergaud l'annonce d'emblée : il joue dans la cour de Rabelais, il veut « un livre sain, qui fût à la fois gaulois, épique et rabelaisien ; un livre où coulât la sève, la vie, l'enthousiasme » … mission accomplie car de vie, le livre en déborde .

Un bref résumé : 

Un matin d'octobre - un matin qui n'aurait pu être qu'un triste matin scolaire - les gamins du village de Longeverne subissent les provocations verbales de leurs rivaux les Velrans . L'affront ne peut décemment pas rester impuni et la réponse ne tardera pas, la guerre est déclarée . 

Pergaud joue avec les registres élevés et l'argot familier, oscille entre le vocabulaire épique et les anecdotes domestiques avec une fluidité et un humour mené à la perfection . Un querelle de gosses devient un champ de bataille digne d'Homère, en plus drôle . 

Ça jure comme des charretiers, ça braille, ça frappe fort, ça vanne, ça garde la tête haute devant l'ennemi … ou ça pleure lamentablement et ça souille son caleçon, ça organise les battues, ça construit une cabane, ça se prend une rouste par le Pater Familias en rentrant pour mieux recommencer le lendemain .

On suit des sauvages dont la débrouillardise et la liberté animent chaque page jusqu'au coup de sifflet parental de fin et à la merveilleuse conclusion de La Crique ( le savant de la bande ) : « Dire que, quand nous serons grands, nous serons peut-être aussi bêtes qu’eux ! »

J'ai plongé dans l'univers de Pergaud après avoir découvert ce roman - dans ces recueils de nouvelles animalières et villageoises - mais il fut vraiment à son meilleur lorsqu'il a écrit ce classique . 

Qu'on le lise en tant que divertissement destiné à la simple gaudriole ou que l'on choisisse de considérer plus attentivement les thèmes profonds que l'auteur aborde avec style et intelligence ( plus délicats que l'image désormais culte des soldats de Longeverne fesses-à-l'air ne le laisse entrevoir ) ce roman est un petit bijoux dans la beauté de la forme et la truculence du fond . 

 À lire absolument, un roman français comme il nous en faudrait plus aujourd'hui : loin du pathos et de la morosité ambiante .

 


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