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Retour au challenge: Souvenirs ensanglantés
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Nous étions en vacances sur la côte bretonne chez notre grand-mère. Nous attendions le début de chaque été avec impatience pour partager de longues heures de balades, de jeux et surtout de fous rires. Les premiers jours de juillet ne nous étaient pas favorables. Le mauvais temps avait décidé d'être de la partie. Le grand air, la mer, le soleil, voilà ce qu'attendaient les adolescentes que nous étions. Nous regardions par la fenêtre nos quatre vélos sous l'appentis et rongions notre frustration en nous goinfrant de sucreries acidulées et de crêpes au chocolat. La fin de la journée du samedi nous combla de joie, le soleil réapparaissait. Les nuages se laissaient transpercer par de beaux rayons sous nos yeux égayés. Quatre sourires s'alignaient. Alice suggéra : « On y va ? ». Nous nous précipitâmes sur nos cirets. Christine proposa d'emmener le border collie qui fulminait dans la cour. « Si tu veux, si ça te fait plaisir, par contre, nous devons y aller à pied. - Allez Speed ! On t'emmène! ». Notre grand-mère nous attendait sur le pas de la porte : « Pas trop tard, compris ! Le temps est incertain ! » Nous avalâmes le sentier. Nous avions tellement hâte de franchir le portail ensablé, notre énorme dune qui se dressait tel un mur. Speed était déjà au sommet. A la une, A la deux, A la trois, partez ! C'est toujours toi qui gagnes, Sam ! C'est pas juste ! - Allez, je te laisserai gagner la prochaine fois ! . On descend jusqu'à la mer pour se tremper les pieds ? - Il est où le chien ? Nous faisions défiler l'horizon. « Tiens, regarde, il est parti là-bas. - Il est pénible ! Vite ! Avant qu'il n'aille plus loin ! ». Speed s'était dirigé vers la falaise. Nous courions à grandes enjambées tout en hurlant son nom. Plus nous avancions, plus il s'enfonçait. Mais où est-il ? D'énormes nuages sombres et menaçants voilaient le ciel et nous plongaient dans la pénombre de manière inquiétante. Nous ressentîmes des gouttes claquer sur nos coupe-vent. Nous criâmes de plus belle. Speed était introuvable. « Speed, Speed, viens mon chien ! Allez, s'il te plaît. « Tout d'un coup, nous entendîmes des grognements. Ça venait de plus haut. « Ce n'est pas vrai, il est monté jusqu'à la cabane abandonnée » Nous pressions toujours le pas quand nous passions à côté. Ce lieu nous faisait froid dans le dos. Notre grand-mère nous rappelait toujours de ne pas nous y aventurer. Les aboiements étaient de plus en plus forts. La cabane surplombait la falaise. Nous escaladâmes prudemment. Nous parvînmes à nous rendre jusqu'au seuil de ce lieu désolé. Nous n'osions y poser un orteil. Christina murmura le nom du chien. Son souffle nous fit tressaillir. Sam dégaina sa lampe torche. « Nous n'avons pas le choix, entrons ! ». Nous restions serrées les unes contre les autres, pétrifiées de peur. L'endroit était obscur, l' odeur y était pestilentielle. Nous ne savions pas sur quoi nous marchions. Nous étions plongées dans une transe muette, nos cœurs auraient pu s'arrêter au moindre bruit. Sam éclaira la pièce. Le faisceau lumineux capta les pupilles du chien. Quand soudain, un éclair projeta sa lumière crue sur les murs et le sol qui était tapissé d'immondices. Nous suffoquions. Un brouillard de poussière envahit cette antichambre des Enfers. Nous hurlâmes. Le chien devint complètement fou et sortit comme une furie. Nous détalâmes hors de cet épouvantable cauchemar. Le chien nous devançait loin devant. Nous ne reprenions pas notre souffle. Tant pis ! Après ! Etre loin, c'est ce qui comptait. Ce n'est qu'au départ du sentier, effarées et soulagées, que nous nous arrêtâmes. Notre maison n'était plus qu'à quelques mètres. La lumière extérieure était allumée. Raides, muettes et essorées, nous n'avions qu'une hâte, rentrer. Elle nous attendait, les bras croisés, l'air furieux et inquiet. « Où étiez-vous ? A-t-on idée de se promener par un temps pareil ? J'ai eu tellement peur. Jeunes filles, dépêchez-vous de vous brosser les dents et d'aller vous coucher ! ». Nous sautâmes dans ses bras et l'inondâmes de nos larmes. Juste avant de gagner nos chambres, nous lui expliquâmes notre mésaventure. Elle nous gronda du regard. "Ne vous ai-je pas demandé de ne pas vous approcher de cet endroit ? Les lieux sont chargés de mémoires qui poursuivent et hantent les promeneurs imprudents, dit-elle d'un air mystérieux. Elle nous raconta des légendes les plus terrifiantes les unes que les autres autour de cet endroit qu'elle tenait elle-même de ses aïeux. Elle nous souhaita une bonne nuit en nous souriant malicieusement. Disait-elle la vérité ?
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