Veuillez commenter votre vote
, (0/0)
Retour
Plus de commentaires
Pour se réchauffer l'hiver, quoi de mieux que lire un roman qui se passe l'été ? Qui plus est un prix Goncourt ?
Avec Leurs enfants après eux, nous avons une oeuvre du type L'assommoir, en moderne. J'ai pensé à Zola tout au long du livre. D'abord car c'est bien un roman sur le peuple, sur une classe. L'opposition des classes y est décrite. Mais surtout, j'ai reconnu le style de Zola, à peine modernisé, et le style des Enfants me semble bien la grande affaire de ce roman de Nicolas Mathieu. L'auteur a travaillé son écriture, pour un rendu qui devrait ravir les adeptes de l'auteur des Rougon-Macquart et les professeurs de français nés dans les années 40. C'est un compliment attention, et il doit expliquer l'attribution du prix Goncourt, enfin j'imagine.
Comme chez Zola, le description du décor participe au récit, explique la marche des événements. Les lieux semblent parfois comme décrits par les personnages eux-mêmes, on entendrait presque leurs intonations. Ainsi à la Zup : « le ciel était pris dans la mâchoire que dessinaient les tours (…) les fenêtres creusaient des yeux étroits, des bouches malades ». On est chez Zola encore lorsque nous est décrit un enterrement, puis la fiesta qui va avec ; on reverrait presque le repas de mariage de Gervaise. Les mots de Nicolas Mathieu pour décrire les scènes prennent le langage de ses personnages (quand le père lave son fils au jet d'eau : « le père insista sur la nuque, la tête, que ça lui éclaircisse les idées »).
On imagine aisément un cours de français sur les types de discours (indirect libre, etc…), avec distribution d'un extrait comme celui-ci :
Elles rirent. Est-ce que Steph comptait le voir ?
— Jamais de la vie.
On aimerait être dans la salle pour indiquer que cette intervention finale au style direct fait penser pour le coup aux Microfictions de Jauffret. Nicolas Mathieu n'a pas oublié d'être moderne !
Sinon, pour faire découvrir le livre à un jeune public, il faut peut-être chercher du côté du chapitre 7 de la deuxième partie, quand Steph découvre comment s'en sortir via les études, qu'on découvre ses techniques de révision et que la narration emprunte le discours de la jeune fille : « Dans sa filière, toutes les matières comptaient, même la philo. La République de Platon, sérieux ? Mais qui étaient les instigateurs de ces programmes lunaires ? ». Personnellement, je suis sous le charme d'une telle écriture, et même tellement admiratif que je conseille aux autres auteurs d'arrêter d'écrire. Nicolas Mathieu peut désormais suffire à la littérature !
Un dernier mot sur l'objet livre lui-même. En format poche, Babel, l'ouvrage de 550 pages est vendu 9.90 euros. Il y a là un abus évident pour un livre de poche. Les 1000 pages des Microfictions de Jauffret sont vendues 12.50 euros chez Folio…
Il me tarde de chroniquer le dernier Houellebecq.
Avec Leurs enfants après eux, nous avons une oeuvre du type L'assommoir, en moderne. J'ai pensé à Zola tout au long du livre. D'abord car c'est bien un roman sur le peuple, sur une classe. L'opposition des classes y est décrite. Mais surtout, j'ai reconnu le style de Zola, à peine modernisé, et le style des Enfants me semble bien la grande affaire de ce roman de Nicolas Mathieu. L'auteur a travaillé son écriture, pour un rendu qui devrait ravir les adeptes de l'auteur des Rougon-Macquart et les professeurs de français nés dans les années 40. C'est un compliment attention, et il doit expliquer l'attribution du prix Goncourt, enfin j'imagine.
Comme chez Zola, le description du décor participe au récit, explique la marche des événements. Les lieux semblent parfois comme décrits par les personnages eux-mêmes, on entendrait presque leurs intonations. Ainsi à la Zup : « le ciel était pris dans la mâchoire que dessinaient les tours (…) les fenêtres creusaient des yeux étroits, des bouches malades ». On est chez Zola encore lorsque nous est décrit un enterrement, puis la fiesta qui va avec ; on reverrait presque le repas de mariage de Gervaise. Les mots de Nicolas Mathieu pour décrire les scènes prennent le langage de ses personnages (quand le père lave son fils au jet d'eau : « le père insista sur la nuque, la tête, que ça lui éclaircisse les idées »).
On imagine aisément un cours de français sur les types de discours (indirect libre, etc…), avec distribution d'un extrait comme celui-ci :
Elles rirent. Est-ce que Steph comptait le voir ?
— Jamais de la vie.
On aimerait être dans la salle pour indiquer que cette intervention finale au style direct fait penser pour le coup aux Microfictions de Jauffret. Nicolas Mathieu n'a pas oublié d'être moderne !
Sinon, pour faire découvrir le livre à un jeune public, il faut peut-être chercher du côté du chapitre 7 de la deuxième partie, quand Steph découvre comment s'en sortir via les études, qu'on découvre ses techniques de révision et que la narration emprunte le discours de la jeune fille : « Dans sa filière, toutes les matières comptaient, même la philo. La République de Platon, sérieux ? Mais qui étaient les instigateurs de ces programmes lunaires ? ». Personnellement, je suis sous le charme d'une telle écriture, et même tellement admiratif que je conseille aux autres auteurs d'arrêter d'écrire. Nicolas Mathieu peut désormais suffire à la littérature !
Un dernier mot sur l'objet livre lui-même. En format poche, Babel, l'ouvrage de 550 pages est vendu 9.90 euros. Il y a là un abus évident pour un livre de poche. Les 1000 pages des Microfictions de Jauffret sont vendues 12.50 euros chez Folio…
Il me tarde de chroniquer le dernier Houellebecq.
Veuillez commenter votre vote
, (0/0)