Veuillez commenter votre vote
, (0/0)
Retour
Le verre de vin.
- C’est étrange : le vitrail semble gonfler puis dégonfler…à moins que ce ne soit un courant d’air sur la fenêtre ? Je ne sais pas ce que j’ai, je suis rêveuse aujourd’hui, et bien distraite.
Etait-ce la douceur de cette journée de printemps qui l’engourdissait ? Elle se sentait d’humeur joyeuse, et tellement détendue qu’elle avait la sensation d’être une crêpe aplatie sur sa chaise, en épousant la moindre aspérité. Elle avait tout juste assez d’énergie pour répondre aux questions de Bartolomeo.
- Et donc, ma dame, vous pensez que le sieur Gontran a fait appel à un maître verrier de la Hesse pour vos vitraux ?
- Je n’en suis plus certaine ; pour sûr l’homme venait de Germanie…
- Mais l’avez-vous vu à l’œuvre ? Savez-vous de quelle manière il teintait son verre ?
Cette conversation prenait l’allure d’un interrogatoire. Etait-ce vraiment si important de savoir si l’artisan venait de Lorsch ou de Magdebourg ? Mais Bartolomeo n’en démordait pas. Dire qu’elle espérait lui montrer comme elle avait bien progressé cet après-midi ; mais sa viole restait posée près d’elle sans qu’elle trouve la force de la prendre… c’était étrange d’ailleurs, son mari et elle avaient coutume de recevoir largement et d’être invités, et jamais aucun breuvage n’avait eu cet effet sur elle ; que se passait-il ? Elle commençait à se sentir mal et à prendre peur.
Elle avait vu cet homme dans la venelle un jour de marché et, voyant sa charrette remplie d’instruments de musique de belle facture, l’avait pris pour ce fameux luthier de Crémone dont tout le monde parlait. Aussi l’avait-elle hélé et ils avaient rapidement convenu d’un prix pour des leçons en sus d’un instrument car elle rêvait de charmer les oreilles de son époux et de faire sa fierté.
Au fil des visites il était devenu un familier de la maisonnée et, pour fêter leur bonne entente, il avait apporté ce jour un nectar du pays aquitain.
- Tenez, reprenez un verre ; vous ne goûterez pas tous les jours une telle merveille.
- Oui c’est vrai dit-elle, toute lucidité l’ayant abandonnée.
Pendant ce temps son mari, sieur Gontran, était rentré et se trouvait dans la pièce attenante. Il avait tout de suite été alerté par la teneur des propos de Bartolomeo. Quiconque s’intéressait de trop près à ses vitraux se mettait en grand danger, et si ce soi-disant maître de musique avait obtenu les renseignements qu’il souhaitait, alors l’individu ne reverrai jamais son pays. Car ce grand bourgeois n’avait pas construit sa fortune sur le seul commerce d’étoffes. Se pencher sur les teintures des unes l’avait conduit à se passionner pour les couleurs utilisées par une autre corporation, beaucoup plus secrète, celle des verriers de Saxe-Anhalt. Ils avaient découvert que certaines colorations apportaient à la lumière diffractée des propriétés fantastiques dont Gontran avait tiré profit dans sa maison. Toutefois, personne ne devait savoir lesquelles et si l’Eglise venait à avoir connaissance de tout cela, il ne donnait pas cher de sa vie ainsi que de celle de sa famille.
Une rage froide l’envahi quand il réalisa que le risque était beaucoup trop grand. Sa décision était prise : il n’essaierait même pas de déterminer à quel niveau d’information était arrivé l’autre.
- C’est étrange : le vitrail semble gonfler puis dégonfler…à moins que ce ne soit un courant d’air sur la fenêtre ? Je ne sais pas ce que j’ai, je suis rêveuse aujourd’hui, et bien distraite.
Etait-ce la douceur de cette journée de printemps qui l’engourdissait ? Elle se sentait d’humeur joyeuse, et tellement détendue qu’elle avait la sensation d’être une crêpe aplatie sur sa chaise, en épousant la moindre aspérité. Elle avait tout juste assez d’énergie pour répondre aux questions de Bartolomeo.
- Et donc, ma dame, vous pensez que le sieur Gontran a fait appel à un maître verrier de la Hesse pour vos vitraux ?
- Je n’en suis plus certaine ; pour sûr l’homme venait de Germanie…
- Mais l’avez-vous vu à l’œuvre ? Savez-vous de quelle manière il teintait son verre ?
Cette conversation prenait l’allure d’un interrogatoire. Etait-ce vraiment si important de savoir si l’artisan venait de Lorsch ou de Magdebourg ? Mais Bartolomeo n’en démordait pas. Dire qu’elle espérait lui montrer comme elle avait bien progressé cet après-midi ; mais sa viole restait posée près d’elle sans qu’elle trouve la force de la prendre… c’était étrange d’ailleurs, son mari et elle avaient coutume de recevoir largement et d’être invités, et jamais aucun breuvage n’avait eu cet effet sur elle ; que se passait-il ? Elle commençait à se sentir mal et à prendre peur.
Elle avait vu cet homme dans la venelle un jour de marché et, voyant sa charrette remplie d’instruments de musique de belle facture, l’avait pris pour ce fameux luthier de Crémone dont tout le monde parlait. Aussi l’avait-elle hélé et ils avaient rapidement convenu d’un prix pour des leçons en sus d’un instrument car elle rêvait de charmer les oreilles de son époux et de faire sa fierté.
Au fil des visites il était devenu un familier de la maisonnée et, pour fêter leur bonne entente, il avait apporté ce jour un nectar du pays aquitain.
- Tenez, reprenez un verre ; vous ne goûterez pas tous les jours une telle merveille.
- Oui c’est vrai dit-elle, toute lucidité l’ayant abandonnée.
Pendant ce temps son mari, sieur Gontran, était rentré et se trouvait dans la pièce attenante. Il avait tout de suite été alerté par la teneur des propos de Bartolomeo. Quiconque s’intéressait de trop près à ses vitraux se mettait en grand danger, et si ce soi-disant maître de musique avait obtenu les renseignements qu’il souhaitait, alors l’individu ne reverrai jamais son pays. Car ce grand bourgeois n’avait pas construit sa fortune sur le seul commerce d’étoffes. Se pencher sur les teintures des unes l’avait conduit à se passionner pour les couleurs utilisées par une autre corporation, beaucoup plus secrète, celle des verriers de Saxe-Anhalt. Ils avaient découvert que certaines colorations apportaient à la lumière diffractée des propriétés fantastiques dont Gontran avait tiré profit dans sa maison. Toutefois, personne ne devait savoir lesquelles et si l’Eglise venait à avoir connaissance de tout cela, il ne donnait pas cher de sa vie ainsi que de celle de sa famille.
Une rage froide l’envahi quand il réalisa que le risque était beaucoup trop grand. Sa décision était prise : il n’essaierait même pas de déterminer à quel niveau d’information était arrivé l’autre.
Veuillez commenter votre vote
, (0/0)
26/02/2024 18:57
Merci pour vos gentils messages 😉
26/02/2024 12:05
J’aime beaucoup l’inattendu, on part d’un tableau assez orienté et on plonge dans une histoire tout autre et très inspirée. Bravo !
26/02/2024 10:01
Belle idée 👍
26/02/2024 09:45
👏👏👏
26/02/2024 09:29
Génial Finskan ! Cette idée de couleur de vitrail un peu sulfureuse est très originale, j'aime beaucoup le point de vue de ce tableau 👍❤️