Veuillez commenter votre vote
, (0/0)
Retour
Chère Valérie,
Depuis mon retour de voyage en Egypte je ne cesse de penser au moment où enfin j’aurai l’audace d’écrire cette lettre.
Nous nous sommes perdus de vue il y a fort longtemps. Peut-être m’as-tu complètement oublié. Nous avons passé une année ensemble à la faculté et partagé des soirées festives au sein de la même bande de joyeux « branleurs » comme on se qualifiait à l’époque. J’ose enfin t’avouer que j’étais follement amoureux de toi mais tu n’en as jamais rien su. J’ai souvent regretté cet acte manqué par pudeur ou par crainte d’essuyer un refus. J’ai continuellement pensé à toi, à cette question restée sans réponse faute de l’avoir posée. Et qui me taraude encore plus maintenant. Ressentais-tu quelque sentiment pour moi ?
J’ignore évidemment où tu vis mais je me souvenais de l’adresse de tes parents pour t’y avoir raccompagnée une ou deux fois. Je sais aussi qu’ils déménageaient souvent. Voilà pourquoi je t’adresse ce courrier chez eux comme on lance une bouteille à la mer. En me remettant au hasard.
En le conjurant à nouveau puisqu’il s’est manifesté un matin voilà trois semaines devant la pyramide de Khéops. Alors qu’à l’ombre du majestueux tombeau un guide contait les mystères de sa construction, est-ce le fruit du hasard ou une intuition, mon attention s’est soudainement détournée sur un groupe de visiteurs. Et, vision inouïe, tu m’es apparue.
Ta présence si près de moi, si peu probable, m’a enivré, grisé, m’a transporté et remisé dans la peau du jeune homme raide-dingue qui sommeillait en moi depuis toutes ces années. J’ai cru un instant que la magie du lieu ou peut-être un excès de soleil provoquait une hallucination. Mais au-delà de ton visage toujours ravissant j’ai reconnu ta voix quand tu t’adressais à la petite fille qui te donnait la main. Puis tu as tourné la tête dans ma direction, sans me voir et j’ai aperçu tes yeux pétiller avec autant d’éclat que le ciel étoilé d’Egypte. J’ai retrouvé instantanément cette jeune femme charmante au regard scintillant qui me faisait tourner la tête. J’étais tétanisé. De surprise. De joie. De peur.
Tellement troublé que comme autrefois je suis resté muet. Sans réaction. Enfin, sans réaction visible. Pourtant, à l’intérieur un tsunami émotionnel fauchait toute trace de discernement. Je ne percevais plus rien alentour. L’esprit focalisé à te regarder, t’admirer, te penser. Une parenthèse intemporelle, un moment suspendu. Dans l’asservissement de la raison face à cette apparition bouleversante.
J’ai espéré que le hasard me fasse encore une fleur ! Que tu croises mon regard, me reconnaisses, t’approches, me dises « Pierre, que fais-tu là ? » ou « C’est fou de se rencontrer ici », enfin ces choses insignifiantes que tout le monde dit en pareil cas.
Sauf moi. Tout comme jadis je n’ai pas pu. Je n’ai pas su.
Depuis mon retour de voyage en Egypte je ne cesse de penser au moment où enfin j’aurai l’audace d’écrire cette lettre.
Nous nous sommes perdus de vue il y a fort longtemps. Peut-être m’as-tu complètement oublié. Nous avons passé une année ensemble à la faculté et partagé des soirées festives au sein de la même bande de joyeux « branleurs » comme on se qualifiait à l’époque. J’ose enfin t’avouer que j’étais follement amoureux de toi mais tu n’en as jamais rien su. J’ai souvent regretté cet acte manqué par pudeur ou par crainte d’essuyer un refus. J’ai continuellement pensé à toi, à cette question restée sans réponse faute de l’avoir posée. Et qui me taraude encore plus maintenant. Ressentais-tu quelque sentiment pour moi ?
J’ignore évidemment où tu vis mais je me souvenais de l’adresse de tes parents pour t’y avoir raccompagnée une ou deux fois. Je sais aussi qu’ils déménageaient souvent. Voilà pourquoi je t’adresse ce courrier chez eux comme on lance une bouteille à la mer. En me remettant au hasard.
En le conjurant à nouveau puisqu’il s’est manifesté un matin voilà trois semaines devant la pyramide de Khéops. Alors qu’à l’ombre du majestueux tombeau un guide contait les mystères de sa construction, est-ce le fruit du hasard ou une intuition, mon attention s’est soudainement détournée sur un groupe de visiteurs. Et, vision inouïe, tu m’es apparue.
Ta présence si près de moi, si peu probable, m’a enivré, grisé, m’a transporté et remisé dans la peau du jeune homme raide-dingue qui sommeillait en moi depuis toutes ces années. J’ai cru un instant que la magie du lieu ou peut-être un excès de soleil provoquait une hallucination. Mais au-delà de ton visage toujours ravissant j’ai reconnu ta voix quand tu t’adressais à la petite fille qui te donnait la main. Puis tu as tourné la tête dans ma direction, sans me voir et j’ai aperçu tes yeux pétiller avec autant d’éclat que le ciel étoilé d’Egypte. J’ai retrouvé instantanément cette jeune femme charmante au regard scintillant qui me faisait tourner la tête. J’étais tétanisé. De surprise. De joie. De peur.
Tellement troublé que comme autrefois je suis resté muet. Sans réaction. Enfin, sans réaction visible. Pourtant, à l’intérieur un tsunami émotionnel fauchait toute trace de discernement. Je ne percevais plus rien alentour. L’esprit focalisé à te regarder, t’admirer, te penser. Une parenthèse intemporelle, un moment suspendu. Dans l’asservissement de la raison face à cette apparition bouleversante.
J’ai espéré que le hasard me fasse encore une fleur ! Que tu croises mon regard, me reconnaisses, t’approches, me dises « Pierre, que fais-tu là ? » ou « C’est fou de se rencontrer ici », enfin ces choses insignifiantes que tout le monde dit en pareil cas.
Sauf moi. Tout comme jadis je n’ai pas pu. Je n’ai pas su.
Veuillez commenter votre vote
, (0/0)
14/05/2024 12:17
C'est très émouvant, beaucoup de sensibilité.
22/05/2024 11:21
merci