Veuillez commenter votre vote
, (0/0)
Retour
Plus de commentaires
Mon très cher Jean
Depuis que ton père nous a quittés je me sens comme coupée en deux, une part de moi-même est partie avec lui. Tout me semble désuet, même les choses pour lesquelles je me suis battue toute ma vie. Décemment, je ne peux étaler sur la place publique mes sentiments, c’est pourquoi, toi mon aîné, toi qui porte le nom de mon frère disparu je te confie ces quelques lignes.
Je n’ai jamais ressenti ce manque d’entrain de toute ma vie. Le décor de notre appartement qui était notre havre de paix ne m’apporte plus la sérénité dont j’aurais besoin. Lorsque je regarde par la fenêtre, je trouve les rues étriquées, bruyantes et cela m’horripile de me sentir si négative. J’aimerais entendre ton père jouer du piano, c’était tellement agréable, reposant. Maintenant je ne ressens plus que de la tristesse lorsque je rentre chez moi, dans le silence.
Si je fais quelques courses, les gens me saluent, certaines femmes encore me disent merci. Merci pour quoi ? Je n’ai fait que mon devoir. Mes engagements ne m’ont été dictés que par ce que j’ai vécu pendant la guerre. La cruauté, l’intolérance ont fait de moi une personne forte, trop forte, peut-être et même sans cœur vis-à-vis des miens. Je sais que tes frères et toi ont souffert de mes absences, de mes combats. Je n’étais pas à votre écoute. Pourtant la profondeur de l’amour que j’éprouve pour vous mes fils, est incommensurable.
Tu es un homme sensible et tu me comprends. J’aimerais que tu continues ce que ton père et moi avons construits en vous mettant au monde. Garde cet esprit de famille qui nous animait malgré nos charges de travail respectives. Fais en sorte que tes enfants et ceux de ton frère se souviennent pour toujours de nos origines. J’aurais tant aimé que notre Claude-Nicolas soit encore là pour t’épauler. Mais le destin en a décidé autrement. Alors, toi mon grand garçon, toujours gentil et raisonnable, tu restes le pilier de cette grande famille et je pense que tu pourras compter aussi sur ton jeune frère.
Je te joins une photo de Papa et moi, peu de temps avant notre Mariage. Je pense que tu pourras y déceler ce que nous étions l’un pour l’autre : un homme aimant, protecteur vis-à-vis de sa future épouse, qui elle a du tempérament. Il a eu beaucoup de mérite de me supporter et moi j’ai eu une chance inouïe de l’avoir eu à mes côtés pendant plus de soixante ans.
Avec tout mon Amour,
Ta Maman, Simone Veil,
Mon très cher Jean
Depuis que ton père nous a quittés je me sens comme coupée en deux, une part de moi-même est partie avec lui. Tout me semble désuet, même les choses pour lesquelles je me suis battue toute ma vie. Décemment, je ne peux étaler sur la place publique mes sentiments, c’est pourquoi, toi mon aîné, toi qui porte le nom de mon frère disparu je te confie ces quelques lignes.
Je n’ai jamais ressenti ce manque d’entrain de toute ma vie. Le décor de notre appartement qui était notre havre de paix
Depuis que ton père nous a quittés je me sens comme coupée en deux, une part de moi-même est partie avec lui. Tout me semble désuet, même les choses pour lesquelles je me suis battue toute ma vie. Décemment, je ne peux étaler sur la place publique mes sentiments, c’est pourquoi, toi mon aîné, toi qui porte le nom de mon frère disparu je te confie ces quelques lignes.
Je n’ai jamais ressenti ce manque d’entrain de toute ma vie. Le décor de notre appartement qui était notre havre de paix ne m’apporte plus la sérénité dont j’aurais besoin. Lorsque je regarde par la fenêtre, je trouve les rues étriquées, bruyantes et cela m’horripile de me sentir si négative. J’aimerais entendre ton père jouer du piano, c’était tellement agréable, reposant. Maintenant je ne ressens plus que de la tristesse lorsque je rentre chez moi, dans le silence.
Si je fais quelques courses, les gens me saluent, certaines femmes encore me disent merci. Merci pour quoi ? Je n’ai fait que mon devoir. Mes engagements ne m’ont été dictés que par ce que j’ai vécu pendant la guerre. La cruauté, l’intolérance ont fait de moi une personne forte, trop forte, peut-être et même sans cœur vis-à-vis des miens. Je sais que tes frères et toi ont souffert de mes absences, de mes combats. Je n’étais pas à votre écoute. Pourtant la profondeur de l’amour que j’éprouve pour vous mes fils, est incommensurable.
Tu es un homme sensible et tu me comprends. J’aimerais que tu continues ce que ton père et moi avons construits en vous mettant au monde. Garde cet esprit de famille qui nous animait malgré nos charges de travail respectives. Fais en sorte que tes enfants et ceux de ton frère se souviennent pour toujours de nos origines. J’aurais tant aimé que notre Claude-Nicolas soit encore là pour t’épauler. Mais le destin en a décidé autrement. Alors, toi mon grand garçon, toujours gentil et raisonnable, tu restes le pilier de cette grande famille et je pense que tu pourras compter aussi sur ton jeune frère.
Je te joins une photo de Papa et moi, peu de temps avant notre Mariage. Je pense que tu pourras y déceler ce que nous étions l’un pour l’autre : un homme aimant, protecteur vis-à-vis de sa future épouse, qui elle a du tempérament. Il a eu beaucoup de mérite de me supporter et moi j’ai eu une chance inouïe de l’avoir eu à mes côtés pendant plus de soixante ans.
Avec tout mon Amour,
Ta Maman, Simone Veil,
Mon très cher Jean
Depuis que ton père nous a quittés je me sens comme coupée en deux, une part de moi-même est partie avec lui. Tout me semble désuet, même les choses pour lesquelles je me suis battue toute ma vie. Décemment, je ne peux étaler sur la place publique mes sentiments, c’est pourquoi, toi mon aîné, toi qui porte le nom de mon frère disparu je te confie ces quelques lignes.
Je n’ai jamais ressenti ce manque d’entrain de toute ma vie. Le décor de notre appartement qui était notre havre de paix
Veuillez commenter votre vote
, (0/0)