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Retour au challenge: Souvenirs ensanglantés
Au milieu de la nuit, une chaleur étouffante me poussa hors du lit pour rejoindre mon refuge, ma cabane au faite d'un tilleul centenaire. La lune embrasait d'une lumière blanche les terres et les roches. J'avais huit ans, haut comme trois pouces, avec mon fusil à fléchettes posé sur mes cuisses. Je veillais sur mon petit domaine, géné par un short qui me rentré dans les fesses, tendu par des bretelles trop courtes.
Autour de moi, ma maison en tuffeau envahie par le lierre, des champs et des vignes coiffés de petits bois. Les feuillus bruissaient d'insectes et de créatures aux yeux brillants, tandis que sous les toits, quelques vendangeurs ronflaient écraser de fatigue. La symphonie des choses. Quand un grincement me fit sursauter. Non, pas là...
Le bruit venait du fond de la cour, le seul endroit qui me collait une trouille bleue. Un lieu interdit. En partie cachée par des ronciers, l'entrée d'une cave abandonnée, creusée dans la roche par la main des hommes. Mon père avait verrouillé la porte, à jamais condamner. Une étrange histoire nourissait ma peur. Mon frère ainé racontait que cette cave portait malheur, un solide vendangeur qui portait fort la hotte, un hollandais vineux avait été retrouvé mort, emporté par le sang de la vigne et dévoré par les fils de Bacchus un soir de colère.
( Foutaises ! On ne peut pas retrouver un mort qui a été dévoré !)
Le curé du village l'avait baptisé "L'antre des monstres". Un cauchemar pour tous les gamins du coin...Mais cette nuit là, je me sentais fort, la lune était avec moi, elle éclairait comme en plein jour. Fusil à l'épaule, je glissais deux fléchettes dans ma poche en fermant ma cabane.
(Tu es un aventurier ! Cette cabane cache quelque chose...)
J'avançais à pas de loup, sentant mon coeur battre à chaque foulée.Je m'approchais à quatre pattes, les genoux douloureux, puis levant les yeux tout mon corps se raidit. Le souffle coupait.
La porte était ouverte. Une clé brillait dans un filament.
(Tu es un aventurier ! Tu es un aventurier ! )
L'effroi ou l'excitation, je trouvais le courage d'entrer, chassant les interdits. La fraicheur et l'humidité me saisissaient de la tete aux pieds. Je tremblais comme une feuille. La lune blanche m'offrait un spectacle terrifiant. L'ombre d'un vieux pressoir montrait ses lames de bois pointues et pourries, un monstrueux dentier blanchit par la roche crayeuse. J'avançais en chassant d'énormes toiles d'araignées, une bestiole courrait dans mes cheveux,je haletais, couvert de frissons. L'odeur de moisissure me piquait les narines. Le dos collait à un tonneau éventré et la gueule béante, je retrouvais mon souffle quand j'entendis des murmures. Puis comme de l'eau, oui, des gouttes d'eau. Non, c'était impossible. Je portais mon regard vers ces bruits étranges, c'est alors, que de ce tunnel obscur, je perçus une faible lueur, une lumière dans ce trou noir. Une vision, un cauchemar ? Non, je ne revais pas, plus j'avançais et plus le bruit de l'eau se faisait intense. Soudain, un ricanement aigu me glaça le sang. Je poussais un cri.
L'éclat d'une bougie percait l'obscurité.
- " Par tout les saints ! Le gamin du Domaine !"
Je restais figé. La bouche ouverte.
- " Bon sang ! Que fais-tu dans cette cave en
pleine nuit ! "
A la lueur de la flamme, je reconnus le fichu rouge et le visage ridé et sec de la vieille Turreau. Elle habitait avec sa soeur le hameau voisin. Mon père l'appelait "La bille de verre", il lui manquait un oeil.
- " Heu... J'ai, j'ai entendu du bruit...
- " La curiosité est un vilain défaut... Mets cette
laine tu vas attraper la mort et assis toi sur
cette tonnelle."
Elle gardait le silence, me fixant d'un oeil.
- " Humm... Tu es bien jeune gamin. Tu sais
faire voeu de silence... Sais-tu garder un
secret ?
Je ne savais pas si c'était une bonne idée de répondre, mais...
- " Heu, oui, oui Madame, je sais garde un
secret."
-" Bien, approches-toi et regardes, c'est une
source naturelle, l'eau de pluie a creusé une immense galerie sous la roche. C'est beau, non ?
J'ouvrais grand les yeux, c'était magnifique ! L'eau était belle, pure, limpide. Le reflet des bougies dansait sur l'eau comme par magie.
- "C'est donc votre secret M'dame Turreau ?
Mais pourquoi ma famille raconte cette
histoire horrible ?
La vieille Turreau ferma les yeux, une larme vint se coller sur sa joue. Ses lèvres n'étaient plus qu'un vilain trait de douleur, cousues pour toujours. Puis dans un murmure...
- " Parce que au pied de cette source de vie, un
meurtre atroce a été commis...Au printemps
42, un jeune soldat allemand...
Quand soudain, une forte lumière nous éblouis.
- " Christophe ! Sort d'ici tout de suite !
Autour de moi, ma maison en tuffeau envahie par le lierre, des champs et des vignes coiffés de petits bois. Les feuillus bruissaient d'insectes et de créatures aux yeux brillants, tandis que sous les toits, quelques vendangeurs ronflaient écraser de fatigue. La symphonie des choses. Quand un grincement me fit sursauter. Non, pas là...
Le bruit venait du fond de la cour, le seul endroit qui me collait une trouille bleue. Un lieu interdit. En partie cachée par des ronciers, l'entrée d'une cave abandonnée, creusée dans la roche par la main des hommes. Mon père avait verrouillé la porte, à jamais condamner. Une étrange histoire nourissait ma peur. Mon frère ainé racontait que cette cave portait malheur, un solide vendangeur qui portait fort la hotte, un hollandais vineux avait été retrouvé mort, emporté par le sang de la vigne et dévoré par les fils de Bacchus un soir de colère.
( Foutaises ! On ne peut pas retrouver un mort qui a été dévoré !)
Le curé du village l'avait baptisé "L'antre des monstres". Un cauchemar pour tous les gamins du coin...Mais cette nuit là, je me sentais fort, la lune était avec moi, elle éclairait comme en plein jour. Fusil à l'épaule, je glissais deux fléchettes dans ma poche en fermant ma cabane.
(Tu es un aventurier ! Cette cabane cache quelque chose...)
J'avançais à pas de loup, sentant mon coeur battre à chaque foulée.Je m'approchais à quatre pattes, les genoux douloureux, puis levant les yeux tout mon corps se raidit. Le souffle coupait.
La porte était ouverte. Une clé brillait dans un filament.
(Tu es un aventurier ! Tu es un aventurier ! )
L'effroi ou l'excitation, je trouvais le courage d'entrer, chassant les interdits. La fraicheur et l'humidité me saisissaient de la tete aux pieds. Je tremblais comme une feuille. La lune blanche m'offrait un spectacle terrifiant. L'ombre d'un vieux pressoir montrait ses lames de bois pointues et pourries, un monstrueux dentier blanchit par la roche crayeuse. J'avançais en chassant d'énormes toiles d'araignées, une bestiole courrait dans mes cheveux,je haletais, couvert de frissons. L'odeur de moisissure me piquait les narines. Le dos collait à un tonneau éventré et la gueule béante, je retrouvais mon souffle quand j'entendis des murmures. Puis comme de l'eau, oui, des gouttes d'eau. Non, c'était impossible. Je portais mon regard vers ces bruits étranges, c'est alors, que de ce tunnel obscur, je perçus une faible lueur, une lumière dans ce trou noir. Une vision, un cauchemar ? Non, je ne revais pas, plus j'avançais et plus le bruit de l'eau se faisait intense. Soudain, un ricanement aigu me glaça le sang. Je poussais un cri.
L'éclat d'une bougie percait l'obscurité.
- " Par tout les saints ! Le gamin du Domaine !"
Je restais figé. La bouche ouverte.
- " Bon sang ! Que fais-tu dans cette cave en
pleine nuit ! "
A la lueur de la flamme, je reconnus le fichu rouge et le visage ridé et sec de la vieille Turreau. Elle habitait avec sa soeur le hameau voisin. Mon père l'appelait "La bille de verre", il lui manquait un oeil.
- " Heu... J'ai, j'ai entendu du bruit...
- " La curiosité est un vilain défaut... Mets cette
laine tu vas attraper la mort et assis toi sur
cette tonnelle."
Elle gardait le silence, me fixant d'un oeil.
- " Humm... Tu es bien jeune gamin. Tu sais
faire voeu de silence... Sais-tu garder un
secret ?
Je ne savais pas si c'était une bonne idée de répondre, mais...
- " Heu, oui, oui Madame, je sais garde un
secret."
-" Bien, approches-toi et regardes, c'est une
source naturelle, l'eau de pluie a creusé une immense galerie sous la roche. C'est beau, non ?
J'ouvrais grand les yeux, c'était magnifique ! L'eau était belle, pure, limpide. Le reflet des bougies dansait sur l'eau comme par magie.
- "C'est donc votre secret M'dame Turreau ?
Mais pourquoi ma famille raconte cette
histoire horrible ?
La vieille Turreau ferma les yeux, une larme vint se coller sur sa joue. Ses lèvres n'étaient plus qu'un vilain trait de douleur, cousues pour toujours. Puis dans un murmure...
- " Parce que au pied de cette source de vie, un
meurtre atroce a été commis...Au printemps
42, un jeune soldat allemand...
Quand soudain, une forte lumière nous éblouis.
- " Christophe ! Sort d'ici tout de suite !
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08/10/2022 10:54
Merci pour ce récit très émouvant.
08/10/2022 11:13
Merci Ciboulette pour ce partage.
24/09/2022 13:34
Des pointes d'humour également avec "la bille de verre" pour tempérer la peur !
25/09/2022 12:05
Oui Zaza, la source de toute les frayeurs, mérite parfois un clin d’œil !
08/10/2022 11:14
Oui Zaza, humour et frissons.
24/09/2022 13:33
Personnellement, cette histoire a tout d'abord fait écho à mes peurs d'enfants : caves, placards, couloirs obscurs. Le suspense de la découverte du lieu plongé dans la pénombre m'a fait frissonner (la bestiole dans les cheveux Brrrr, le bruit de l'eau qui goutte...). Et pour finir, avec la révélation du secret, la tristesse succède à la peur. on n'éprouve plus de peur mais du chagrin. Cette histoire est très touchante, et encore plus en qu'elle est vraie. Beaucoup d'émotions se succèdent dans ce très beau texte. Merci Tof !
24/09/2022 13:31
Quel superbe récit, Tof ! Très touchant et profond, on se projette bien au côté de l'enfant que tu étais, et on se figure la douleur de cette vieille Turreau.
Effectivement : merci pour ce partage !
24/09/2022 21:40
Merci Anastasia, je me souviens d'une sacrée frousse, mais surtout, le souvenir d'une vieille femme charmante, que la vie n'avait guère épargner
24/09/2022 21:41
Merci Anastasia, je me souviens d'une sacrée frousse, mais surtout, le souvenir d'une vieille femme charmante, que la vie n'avait guère épargner...
23/09/2022 22:05
Vous avez si bien raconté cette histoire, merci pour le partage de ce souvenir. Je déteste les caves, mais au final, il n’y avait pas d’appréhension à avoir en lisant ce récit marquant !
24/09/2022 11:15
Merci Yasei pour ce partage. Avec le temps, cette source de vie cache une tragédie. Le contraste est étonnant.
23/09/2022 17:27
Cette histoire est vrai, il n'y a que le hollandais et les fils de Bacchus qui n'ont jamais existais. Mon père m'avait dit que des rats peuplés le fond de la cave. Mais je n’oublierai pas cette nuit d'été 1973... Madame Turreau avait caché chez elle un jeune soldat allemand durant quelques mois, je sus plus tard qu'ils étaient tomber amoureux. Quand la gendarmerie investit le domaine un matin de 1942, ils découvrirent le corps sans vie de ce soldat au pied de la source. Cette cave et cette source existe toujours, elle arrose de nombreux jardins...
23/09/2022 17:34
Une bien belle écriture pour ce récit vrai !
23/09/2022 18:19
Merci Eglantine, cette histoire reste un souvenir marquant de mon enfance.